Le monde et les arts, entre ICI et ailleurs

Le monde et les arts, entre ICI et ailleurs

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Affiche de l’exposition

L’Institut du monde arabe de Tourcoing organise du 19 septembre 2020 au 31 octobre 2020 l’exposition « ICI LE MONDE », un évènement qui met la lumière sur une sélection d’œuvres emblématiques d’artistes étrangers venus s’installer dans la région des Hauts-de-France.

Les Hauts-de-France est une région du nord est de la France qui regroupe cinq départements : l’Aine, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais et la Somme ; elle compte deux grandes villes importantes, Amiens et Lille. Placée entre l’Ile de France et la Belgique et bordée par la Normandie, le Grand Est, la Manche et la Mer du nord, cette région est un carrefour au cœur de l’Europe et c‘est cet emplacement qui lui confère sa richesse historique et culturelle, qui a attiré de nombreux artistes à venir s’installer « ICI ».

L’exposition « ICI LE MONDE » mise en place par l’Institut du monde arabe de Tourcoing rend hommage aux artistes venus parler d’eux et des autres, venus raconter leurs origines, leurs expériences et de leurs rencontres, entre un ailleurs et un « ICI ».  C’est à travers des peintures, photos, vidéos, installations que cette exposition présente les travaux d’artistes venus se former et/ou s’établir dans cette région, à l’instar de ces artistes qui ont participé à cette riche expositon.

Rachid BOUKHARTA (franco-algéro-marocain, né en 1988, vit et travaille à Amiens) s’inspire des formes décoratives traditionnelles et des miniatures dans ses créations.  Ses œuvres invitent le visiteur à pénétrer dans un univers métaphysique où se mêlent des motifs végétaux et des signes sexués tendant à symboliser le cosmos infini et  le principe même de création de la vie.  Il présente également deux oeuvres sur les cinq de sa dernière série commencée en 2020, intitulée « Tétris » faisant référence au jeu de construction numérique, une note de modernité et de questionnements sur les équilibres d’un monde qui se construit et se détruit.  

« Rachid Boukharta, Cosmos, 2017, huile et acrylique sur toile,100x80cm »

Wiame HADDAD (franco-maroco-tunisienne, née en 1987, vit et travaille à Paris) expose une photographie intitulée « LE Père » d’une série qu’elle avait réalisée en 2012 ; il s’agit de neuf grandes photographies de nus très pudiques du corps de son père. Son travail photographique porte sur le corps comme support de représentations formelles et/ou de significations qu’il revêt sur les plans intimes, sociaux, politiques, historiques et environnemental dans lesquels il est immergé et représenté.

Bechir BOUSSANDEL (franco-tunisien, né en 1984, vit et travaille à Lille) questionne l’identité en interrogeant l’espace et le temps.  Il s’intéresse aux limites entre espace intime et espace public. Ses œuvres sont à mi-chemin entre abstraction et figuration. Il s’inspire tant des mosaïques romaines, que du mouvement du réalisme magique lancé par les  peintres allemands de l’École de Leipzig. 

Katia KAMELI (franco-algérienne, née en 1973 à Clermont-Ferrand, est professeur d’art à l’Université de Lille), présente le projet « Stream of Stories », qui est une exploration des origines orientales des fables de La Fontaine inspirées elles-même de la version indienne « Kalilah wa Dimnah ». Un conte qui commence en Inde, qui se poursuit en Iran, puis au Maroc et finit en France. Les quatre sérigraphies présentent  l’adaptation de la fable « Les Animaux malades de la peste » à travers trois grands moments de son histoire et des différentes cultures.

Abdelhakim HENNI (franco-algérien, né en 1963  à Dunkerque, vit et travaille à Leffrinckouke) s’inspire principalement de l’artisanat et des arts décoratifs musulmans traditionnels ; ses représentations sont faites d’arabesques, de moucharabiehs, de calligraphies et d’entrelacs, comme l’installation présentée intitulée « La Patience » sous forme de moucharabiehs conçus avec de fines lamelles de carton ondulé. L’esthétique de son art est incontestablement traditionnelle, mais sa démarche en revanche est très  bien contemporaine, il part d’un matériau pauvre pour arriver à raffinement subtil.

« Abdelhakim Henni, La Patience, Carton ondulé, 2020 »

Elsa ABDHERAMANI (née en 1988 à Paris, vit et travaille dans l’Oise), présente une partie de son projet commencé en 2012 sur la réalisation d’une cartographie filmée en Picardie, intitulée « Tout autour ». Pour cette exposition, elle présente une réalisation vidéo de lieux choisis entre périphérie urbaine et campagne. Tout en poursuivant ses recherches en vidéo, dessin et photographie, elle consacre ses travaux sur la philosophie politique, l’éthique animale et les questions environnementales.

Le Moyen-Orient n’a pas manqué ce rendez-vous et ce sont des artistes iraniens qui l’ont représenté ; la plasticienne Yosra MOJTAHEDI expose des dessins abstraits en noir et blanc et quelque peu surréalistes et suggestifs, où se mêlent érotisme et sensualité, sexualité et féminité ; ses travaux sont une réaction à la censure de ces  sujets et de ces représentations en Iran.

Le plasticien Abstin SARABI est venu présenté des œuvres inspirées par les poèmes de Forough FARROKHZAD et a également fait une installation sous forme de boite noire cachant des photographies laissant apparaître des parties de corps, il interpelle ainsi l’être, l’âme, la conscience et l’identité des individus et de la société entière.
Le plasticien d’origine afghane Armin ZOGHI a présenté pour sa part une performance vidéo tournée dans des quartiers de Téhéran questionnant à la fois les flux de la conscience et du souvenir à ceux des sens, de l’intellect et de l’environnement spatial et temporel.

Enfin, L’Institut du monde arabe de Tourcoing n’a pas manqué de rendre un vibrant  hommage au grand plasticien franco-algérien Mahjoub Ben Bella, né en 1946 à Maghnia (nord-ouest algérien) et disparu le 11 juin dernier.

Après ses débuts à l’école des Beaux-Arts d’Oran, Mahjoub Ben Bella part en 1965 en France pour poursuivre cinq années d’études à l’école des Beaux-Arts de Tourcoing. Ensuite, il séjourne à Paris pour suivre des cours à l’école des Beaux-Arts et là ’école nationale des Arts décoratifs. 

Il revient à Tourcoing en 1975 pour aménager son atelier et s’y installer définitivement, tout en enseignant à l’école des Beaux-Arts de Cambrai.

Artiste très prolifique, il a produit 18.000 peintures, dessins, aquarelles et céramiques. Il est célèbre pour ses immenses peintures murales et pour avoir peint en 1986 L’Envers du Nord, les pavés de la route Paris-Roubaix, une œuvre exploitant comme supports la chaussée reliant les deux villes sur plusieurs tronçons formant ainsi un ensemble de 12 kilomètres. En 2000 il peint 1800 carreaux de céramique destinés à l’élaboration de trois grandes fresques de la station du métro Colbert, située à Tourcoing.

> Photo de l’oeuvre :  « Mahjoub Ben Bella, Triptyque rouge 1, 2011, 162 x 130 cm © Succession Mahjoub Ben Bella ©ADAGP, Paris, 2020 »

Peintre, dessinateur, sculpteur et céramiste, Mahjoub Ben Bella compte de nombreuses expo­si­tions per­son­nel­les et col­lec­ti­ves dans les musées, cen­tres d’art et gale­ries d’Europe et d’Orient, ses oeuvres sont repré­sentes dans vingt musées, col­lec­tions publi­ques et collections pri­vées à tra­vers le monde.

Il se distingue par ses œuvres monumentales, comme la fresque qu’il a réalisée à l’aéroport international de Riyad (1982), le portrait qu’il a dressé de Nelson Mandela à l’occasion d’un concert au stade de Wembley en Angleterre (1988), ou encore des projections d’œuvres organisées au Brésil en 1996 à Rio de Janeiro sur l’aqueduc d’Acros da Lapa, pour la 23e Biennale de Sao Paulo et en 1999, au stade Pacaembo de Sao Paulo.

Sa peinture abstraite, au dialogue symbolique très colorée, transpire de vie et de chaleur, inspire le partage et tansmet des messages de fraternité et d’humanité.

Après plus de quarante ans de carrière et une reconnaissance internationale, c’est en 2012 (du 24 mai au 30 sep­tem­bre 2012) que le Musée d’Art Moderne d’Alger (MaMa) lui consa­cre une première exposition sur sa terre natale, une grande rétros­pec­tive qui lui permet de rencontrer le public algérien ; à de cette occasion il en profite pour d’offrir trois de ses œuvres au MaMa  intitulées «Algérie, Algeria», «M’dina» et «Chorégraphie».

Soraya DJOUADI

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