Air France déploie sa filiale low-cost en France

Air France déploie sa filiale low-cost en France

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Le groupe aérien franco-néerlandais Air France-KLM annonce la signature d’un accord avec le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL, syndicat majoritaire des pilotes Air France) pour le développement de sa filiale low-cost, Transavia, sur le réseau domestique français.

Avec un taux de participation de 82,63% et 90,37% de votes favorables, Air France peut se targuer d’avoir le soutien quasi-unanime de ses pilotes dans l’exécution de son projet de restructuration du réseau domestique français. Il s’agit de la continuation du plan « Vesta » annoncé en juin dernier par Benjamin Smith, directeur d’Air France-KLM, en réponse à la chute du chiffre d’affaire du groupe à l’aube de la pandémie de Covid-19. Cet accord décisif s’opère dans le cadre d’une action globale pour amortir les pertes dues à une activité freinée. En effet, Air France-KLM a vu ses capacités en baisse de 95% durant les trois premiers mois de la crise, avec un total de 2,9 milliards d’euros de perte pour l’année 2020 (1,6 milliards d’euros au premier semestre et un déficit prévisionnel de 1,3 milliards pour le second). Même en restant optimiste, Air France ne prévoit pas un retour aux chiffres de 2019 avant l’année 2024.

Et il ne s’agit pas, avec cette signature, de la première concession des pilotes de la compagnie. Le mois dernier, le SNPL a donné son aval pour un plan de départs volontaires concernant 400 postes de pilotes. Á cela s’ajoute un système de rémunération lié à l’activité qui engendre, avec la situation actuelle, la diminution des revenus de 25% à 40% pour les pilotes de Air France et Transavia France. Cette baisse permettra, d’après le SNPL, une économie de 300 millions d’euros par an au bénéfice de la compagnie pour la durée de la crise. Mais si l’épidémie, la transformation de l’économie globale qui l’accompagne et la fermeture des frontières au fil des clusters ont un rôle à jouer dans cette restructuration, il ne s’agit là que de la concrétisation d’un projet antérieur. En septembre 2019, le SNPL signait déjà un accord levant les limitations de croissance de la flotte de Transavia France. Tandis que la filiale régionale HOP! du groupe Air France a du mal à faire face à la croissance ininterrompue des compagnies low-cost et du TGV sur un réseau domestique déficitaire depuis plusieurs années, Transavia présente une alternative attendue. Avec la suppression de 1020 sur 2420 postes annoncée en juillet, soit 40% de ses effectifs, et la réduction de sa flotte à une trentaine d’avion, HOP! se replie sur deux bases, à Paris-Charles de Gaulle et Lyon-Saint Exupéry. Sa consoeur low-cost Transavia va, pour sa part, être déployée sur les lignes du réseau domestique.

Selon l’accord signé le 12 août avec le SNPL, le groupe Air France-KLM a pour objectif d’ici 2023 le développement de Transavia sur le marché français. La compagnie Air France continuera d’assurer les vols fréquents en partance de Paris-Orly vers Toulouse, Nice, Marseille et la Corse, mais c’est la filiale HOP! qui sera chargée de connecter le hub mondial de Paris-CDG aux marchés régionaux. Une partie de ses lignes seront transférées à Transavia France qui lancera des liaisons domestiques tout en poursuivant sa croissance vers l’Europe, avec comme bases Paris-Orly, Nantes, Lyon et Montpellier. Et bien que Paris-CDG reste la plate-forme principale de Air France pour les vols moyens et long-courrier, la compagnie développera aussi son offre de long-courrier à Paris-Orly vers l’Outre-Mer (Cayenne, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Saint-Denis de La Réunion) ainsi que vers l’aéroport New York JFK. Le but sera de diversifier la base secondaire de Air France en vue d’enrichir son offre et d’améliorer significativement sa performance financière. Il s’agit aussi d’étayer la position stratégique à Paris du groupe aérien Air France-KLM tout en continuant l’accélération de ses efforts en matière de développement durable. Dans ce sens, les vols entre Paris-Orly et la province pour lesquelles il existe une alternative en moins de deux heures trente en train seront fermées et le renouvellement de la flotte s’effectuera à un rythme soutenu à partir de septembre 2021, avec le remplacement des Airbus A318 et A319 par des Airbus A220-300, pour une réduction de l’émission de CO2 de 20%.

Il n’en reste pas moins que l’élément clé de cet accord reste le développement de la filiale low-cost du géant aérien. « Transavia France est un atout différenciant pour le groupe » explique Benjamin Smith. En 2019, la compagnie low-cost affichait un coefficient de remplissage de 92,8% et les plus fortes progressions du groupe. On comprend donc l’attrait d’intégrer cet élément productif à un réseau déficitaire. Cependant, il ne s’agit pas là du premier remaniement pour mieux s’implanter sur ce marché – on pense à la filiale low-cost Joon, crée par Air France en 2017 et enterrée un an plus tard. Il faudra donc, pour la nouvelle venue, tenir tête à plusieurs flottes de low-cost étrangères et à un réseau TGV de plus en plus rapide dans un contexte de crise sans précédant.

Syrine Gouni

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