Pour résoudre la crise qui menace la Tunisie, il faut classer les priorités, tout le monde s’accorde pour dire que la priorité est avant tout socio-économique, or la solution qu’on veut toujours donner à cette crise est toujours politique.
Une solution politique est actuellement impossible, en effet le Président Kais ne pense qu’à instaurer son régime politique et qualifie les opposants de corrompus et de traitres, quant à l’opposition elle est divisée, et considère le Président illégitime…en attendant la population souffre et le pays est au bord de la faillite.
Le 13 octobre 2019 Kais Saied est élu Président de la République de façon démocratique, et selon la constitution de 2014 qui lui donne un pouvoir uniquement dans le domaine de la défense, et des Affaires Etrangères. Mais le 25 juillet 2021 le Président suspend le parlement et dissout le gouvernement selon l’article 80 de la même constitution, cette décision est diversement appréciée, elle est considérée illégale et qualifiée de coup d’état par certains, mais elle est approuvée par beaucoup d’autres. Le 22 septembre 2021 par le décret 117, le Président s’octroie tous les pouvoirs (l’exécutif, le législatif et même le judicaire), pour sauver le pays, 1 an et demi après la situation sociale, économique et politique est catastrophique. Cet échec cuisant devrait annuler ce décret 117, et laisser place à un gouvernement indépendant qui a pour seul objectif, sortir le pays de la crise économique : accord avec le FMI après consultation de l’UGTT, l’UTICA…et proposition de projets pour attirer les investisseurs. Mais le Président croit toujours tenir sa légitimité du peuple et continue à œuvrer pour son projet politique. Le 13 décembre le Président propose son nouveau régime politique et organise :
– Une consultation (istichara) : seul 5% de la population ont participé
– Une élection électronique (istiftaa) : Seul 23 % ont participé
– Une élection législative le 17 décembre : 11.2 % ont participé
Au vu de cette faible participation les Tunisiens ne veulent pas de son nouveau régime politique. Et le fait que le Président s’est investi personnellement dans ces élections, a choisi seul la constitution, la loi électorale et l’ISIE, cette faible participation lui ferait perdre sa popularité
En conclusion il faudrait :
– Annuler le décret 117, car un an et demi après la situation politique, économique et sociale est pire
– Renoncer au projet politique du Président car les Tunisiens n’en veulent pas
– Nommer un gouvernement indépendant qui aura pour SEUL OBJECTIF sortir la Tunisie de sa crise économique, avec l’accord de l’UGTT, l’UTICA…et le FMI
– Organiser des élections présidentielles et législatives prématurées, et surtout quand la situation économique sera meilleure, si on veut que les tunisiens se rendent aux urnes.
Mohamed Ghannem
Député à l’Assemblée des Représentants du Peuple en Tunisie 2014-2019