Vers la déchéance d’une nation?

Vers la déchéance d’une nation?

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Hadj Sahraoui HassinaDans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, où l’extrême droite est assurée d’être au second tour, selon tous les sondages, le président français, François Hollande, qui espère devancer le candidat du parti Les Républicains au premier tour et gagner au second avec le soutien des électeurs de droite, donne un coup d’accélérateur au virage à droite qu’il a amorcé depuis ses vœux aux Français en janvier 2014. Il s’apprête à « revoir » le droit du sol et à « créer » des Français du deuxième collège (comme les Algériens au temps de la colonisation française). « Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né français », a-t-il déclaré devant le Congrès réuni à Versailles, trois jours après les attentats du 13 novembre à Paris. Nicolas Sarkozy, qui a brandi la déchéance de la nationalité en 2010 avant de rétropédaler, et Marine Le Pen, qui a toujours lié immigration et insécurité, en avaient rêvé de l’application de cette « proposition historique de l’extrême droite » qui remettra en question inexorablement la définition de la nation. « République indivisible, laïque, démocratique et sociale », selon l’article 1er de la Constitution, la France n’est-elle pas censée assurer l’égalité devant la loi de tous ses citoyens « sans distinction d’origine, de race ou de religion » ?

« Cachez-moi ces « binationaux » que je ne saurais voir… avant 2017. »

C’est « une mesure hautement symbolique », concède le Président, les yeux fixés sur une partie de la droite qu’il compte séduire dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, et détournés des 400 actes à l’encontre des personnes et des bâtiments associés à l’islam en un an, soit trois fois plus qu’en 2014, et des dernières manifestations xénophobes à Ajaccio du 28 décembre 2015. Une partie de la société française s’oppose à cette « vengeance » symbolique qui insinue l’idée que les origines étrangères de quelque 3,3 millions de ses concitoyens pourraient les rendre plus sujets à devenir des terroristes. En Europe, au Maghreb, on se demande déjà quelle serait la réaction de Hollande et de Valls si un Franco-Tunisien, par exemple, venait à rentrer en France après avoir été déchu de sa nationalité tunisienne (si la Tunisie venait, bien sûr, à appliquer le même genre de sanction) pour avoir commis un crime terroriste sur le sol tunisien ? Que devientil s’il est également déchu de sa nationalité dans l’Hexagone ? Apatride ? Il rentre dans la clandestinité ? Et puis, « la déchéance ne fera pas reculer les terroristes », estimait en janvier 2015 l’ancien Premier ministre, Alain Juppé. Il est vrai que, pour un candidat au martyr, perdre sa carte d’identité nationale est le cadet de ses soucis.

La direction et l’équipe du magazine Salama souhaitent à toutes et à tous leurs meilleurs vœux et une très bonne année 2016!

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