Timimoun : Evolution et enjeux de l’oasis rouge

Timimoun : Evolution et enjeux de l’oasis rouge

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Timimoun, oasis saharienne, “capitale” du Gourara et ville,relais entre le Touat et le M’Zab, a connu une croissance démographique remarquable depuis 1954. Cet essor démographique s’est traduit par un étalement spatial important, faisant basculer l’oasis du rationalisme ksourien vers une forme d’agglomération saharienne étalée, morphologiquement diversifiée et économiquement renouvelée.

La croissance fut liée au développement de ses équipements, au renforcement de son statut administratif ainsi qu’à son rôle touristique. La tertiairisation de l’économie a gagné du terrain au détriment de l’activité agricole qui constituait le fondement historique de son économie. Les mutations passées, et en cours, tant au plan des dynamiques agricoles qu’urbaines, font de Timimoun un exemple pertinent de mesure des évolutions du milieu oasien.De nombreuses mutations ont caractérisé l’oasis de Timimoun au double plan social et spatial depuis les années 1950. Un certain nombre d’entre elles relèvent des effets classiques de l’urbanisation et de l’intégration territoriale en milieux désertiques, et sont donc semblables à celles connues par les autres oasis sahariennes algériennes ; d’autres mutations sont plus spécifiques et sont liées aux particularités locales qui engagent l’oasis et sa zone d’influence dans un processus de transformations multiformes.La dominante rurale de l’oasis s’est progressivement réduite au profit de nouvelles activités économiques. La diversification économique et les nouvelles attractivités induites ont également joué à plein pour modifier substantiellement l’organisation sociale et spatiale de l’oasis qui se trouve aujourd’hui confrontée, notamment, à des problèmes de gestion de la fragile interaction entre l’homme et son environnement. La palmeraie, qui représente toujours une composante essentielle du paysage visuel oasien comme identitaire de Timimoun.

Les fondements de l’oasis de Timimoun

Timimoun est la capitale historique du Gourara, située à 200 km au nord-est de la ville d’Adrar, chef-lieu de la wilaya à laquelle appartient administrativement la commune .En situation centrale dans le Gourara, à la limite est du Grand erg occidental, Timimoun a été historiquement un pôle d’animation des oasis environnantes structurées le long de la sebkha ou localisées dans l’erg (Taghouzi et Tinerkouk). Le peuplement des oasis du Gourara actuel résulte d’une succession historique d’apports ethniques divers.



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Bab el soudan (la porte du soudan)

Comme dans le reste du Sahara septentrional, les habitants primitifs des oasis du Gourara furent des populations noires vraisemblablement dont l’origine géographique est encore sujette à caution qui passèrent progressivement à partir des IVe et Ve siècles sous la domination de berbères Zénètes, devenus sédentaires. Au côté de cette population berbère, vivait une population juive dans les oasis du Gourara et du Touat. Dès le XIIe siècle, les oasis gouraries se sont vues adjoindre des populations arabes, issues de tribus hilaliennes, puis d’autres composantes arabes dans les siècles qui suivirent.

Par la suite, et plus récemment, des populations nomades issues de l’OuedRigh, du pays Chaamba, du M’Guiden et des zones steppiques algéro-oranaises, puis des réfugiés du nord maghrébin, vinrent s’implanter dans le Gourara.

Timimoun était le centre commercial le plus dynamique du Gourara. A l’image de la région du Touat, cette zone était privilégiée par le commerce entre les nomades des Hautes plaines steppiques oranaises et d’El-Goléa ; les dattes et les produits maraichers des palmeraies y étaient échangés contre le blé, le thé, le sucre et le beurre… Cependant, au-delà des denrées alimentaires et des produits semi-manufacturés, un commerce d’esclave prospérait dans la région, même si l’apport de ces populations dans le substrat local doit être relativisé, car « quelles que soient l’atrocité et l’ampleur de la traite terrestre par les voies de Mauritanie, du Touat ou du Fezzan, il ne faut pas oublier que la grande masse des esclaves noirs ne faisait que transiter dans les oasis pour gagner les villes et ports du Maghreb »

A des débuts de la colonisation, le commerce de marchandise fut approprié par les Chaanbi qui suivirent l’implantation de l’administration française au Sahara. Les installations progressives de populations nomades et de Chaanbi dans le Gourara modifièrent la structure sociale de dominance Zénète. Ce processus de peuplement a donné naissance à une hiérarchie sociale particulière ayant caractérisé cette partie du Sahara.

L’oasis gourarie se distingue par un mode d’occupation spatiale spécifique répondant aux exigences naturelles locales contraignantes, comme par une stratification sociale particulière.

Le mode d’organisation classique de l’oasis composée du ksar, de la palmeraie et de la foggara, constitue la réponse la plus adaptée, et historiquement pérenne, à ces contraintes désertiques. Comme l’essentiel des oasis sahariennes, l’implantation humaine dans le Gourara a répondu à deux facteurs concomitants, la possibilité de mobiliser des ressources en eau essentielles aux pratiques agricoles d’une part et l’existence de réseaux d’échanges, d’autre part.

Le premier point a trait au développement du tourisme. La région qui recèle un important potentiel en matière de sites naturels ou anthropisés (ksour, palmeraies, Grand erg occidental…), de patrimoine culturel et immatériel (ziaras) ou de tourisme de découverte (méharées, trekking…), souffre un peu d’un manque de valorisation national et international, mais également il faut encore d’autres infrastructures d’accueil de qualité. Le développement d’une activité touristique plus affirmée peut constituer une piste de renforcement et de diversification de l’emploi, tout en permettant un maintien des éléments de l’identité oasienne par un développement local, intégrant et intéressant les habitants au processus.

Le premier point a trait au développement du tourisme. La région qui recèle un important potentiel en matière de sites naturels ou anthropisés (ksour, palmeraies, Grand erg occidental…), de patrimoine culturel et immatériel (ziaras) ou de tourisme de découverte (méharées, trekking…), souffre un peu d’un manque de valorisation national et international. Alors que le tourisme est le véritable poumon dans cette région. Le développement d’une activité touristique plus affirmée peut constituer une piste de renforcement et de diversification de l’emploi, tout en permettant un maintien des éléments de l’identité oasienne par un développement local, intégrant et intéressant les habitants au processus. Le développement actuel d’une offre de service avec (agences de voyages), des nouveaux hôtels privés et publique tel que l’hôtel Gourara qui a été rénové en 2011, dont la réalisation n’a pas négligé le cachet architectural typique de la région, notamment de par ses arcades, caractéristique des Oasis rouges avec la création de deux pavillons pour familles et d’un espace de détente en plein air, également des chambres d’hôtes ont poussées rapidement , comme par exemple « belles demeures » avec décor typique de la région et une capacité d’accueil raisonnable. Une volonté réelle existe chez les locaux pour mieux développer encore le tourisme, depuis quelques années juste le réveillon ou la fête du S’boue al Nabi qui attire en masse des touristes pendant une période « Octobre et décembre », alors qu’on devrait miser beaucoup plus à savoir : facilitations des visas, des lignes charters pour des groupes, de la communication, pour faire vivre toute l’année cette oasis mythique d’une couleur rougeâtre

La seconde piste de développement régional est liée à l’exploration en hydrocarbures systématisée dans le Gourara, tout comme dans le Touat. La découverte de ressources gazières en 2007 dans le bassin de Timimoun a déjà des effets induits en matière d’emplois et d’activité économique dans l’hôtellerie, les transports ou le service aux entreprises. L’ouverture et la mise en exploitation de la raffinerie de Sbaa située au nord d’Adrar il y a quelques années, a généré un nombre d’emplois non négligeables pour les nationaux, comme pour les locaux. Reste à savoir aujourd’hui quelles sont les potentialités exactes en termes de ressources du bassin de Timimoun et par conséquent quels seront les impacts territoriaux sur l’agglomération et les communes avoisinantes, en matière d’emplois…

Hasna Nour

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