Portrait de la Jeune fille en Feu

Portrait de la Jeune fille en Feu

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A voir ce film français, féministe et réalisé justement par une femme (Céline Sciamma) on a l’impression qu’il s’agit d’une suite de tableaux vivants et peints pour chaque scène tant et si bien que l’auteur nous transporte dans la magie. Pourtant il fut récompensé chichement que par le  prix du scénario lors du dernier Festival de Cannes alors qu’il s’agit un petit chef-d’œuvre cinématographique.

Portrait de la Jeune Fille en Feu ,est un film qui demande une attention particulière au spectateur habitué hélas à se contenter de comédies qui encombrent le cinéma français souvent bien médiocre.

 Ici on nous propose un film dont l’esthétique est à son paroxysme et qui débouche sur une sensualité en suspension par le désir et la découverte du regard et de l’amour interdit. Tout en rendant un hommage à l’Art et à sa fonction comme dans les portraits peints, il séduit le spectateur en l’interpelant et lui demande de collaborer par son regard. C’est un portrait dans le portrait que raconte ce film aux relents imprévisibles durant les deux bonnes heures de projection à l’écran.

En 1770, en Italie une artiste ( NoemieMerlant)  est chargée de faire un portrait d’une jeune femme Héloïse (Adèle  Haenel) qui vient de quitter le couvent et que sa mère (ValériaGolino) destine à un futur mari dont il voudrait le portrait de sa future conjointe . Héloïse refuse de poser pour l’artiste qui par surprise et en cachette va devoir exécuter la commande picturale.  Pour cela , elle va devoir prendre une autre identitépour être acceptée  par la jeune fille. Elles’introduit au prés de la rétiveHéloîse en qualité de dame de compagnie … Petit à petit, setissent des liens affectifsentre  les deux  jeunes femmes  ce qui  déclenchera un amour saphique et libérateur.

Comme on le constate, c’est un film qui ne fait pas de concession à la pudeur des sentiments et donne un ton différent à l’image de la rébellion féminine dans l’épure et la contestation des désirs assouvis et souvent refoulés. L’auteur traite son sujet avec une pudeur et un tact qui se déclinent à l’image  par une grande beauté, et  tourné en Bretagne.

Ce merveilleux diamant à l’état brut , mérite tous les éloges du spectateur toujours surpris par le rythme lent et  narratif de la cinéaste . Ce film-poème est interprété magistralement par des actrices justes et naturelles dans des rôles écrits sur mesure pour chacune d’en elle. Cette histoire d’amour si particulière, si féminine qui s’éloigne des stéréotypes conventionnels donne l’occasion à la pudique Adèle Haenel de jouer sobrement son rôle de jeune fille en proie de violence retenue. Elle fut mille fois récompensée dans sa jeune carrière au cinéma en peu de temps, autant pour son côté charnel et sa puissance de camper un personnage toujours juste.

Pour finir, rendons un bel hommage à la beauté et l‘éclairage des scènes jouées en costumes d’époques  du XVIIe que nous offre  dans ce film Céline Sciamma….Bravo  et merci les artistes !

Michel Fargeon

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