L’autre

L’autre

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Contribution musulmane à la Première Guerre mondiale du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918

Dans un dédale d’élucubrations, nous voilà tous reclus dans cette inanité voulue par les nostalgiques de l’Algérie française, qui scandent à qui veut l’entendre les oraisons funestes d’une histoire qui n’a de sens que dans les esprits tourmentés.

Comment, en effet, peut-on croire que les démons d’hier puissent ressurgir dans un monde où la connaissance, le tribut de la guerre, est encore pesant et fait partie du quotidien de millions d’Algériens ? Ceux-là mêmes qui, hier, scandaient la liberté à travers leurs aïeux, ceux-là, aujourd’hui, dans un esprit revanchard, cherchent à modifier ou bousculer l’histoire.Ainsi, nous apprenons dans des soubresauts de l’esprit de ces infortunés que la colonisation et l’occupation étaient le fruit du cœur, que ces excroissances du mal n’avaient pour seul but d’apporter la connaissance, la démocratie et le savoir, au détriment avide de millions d’individus qui, eux, ont prospéré dans cette légitimité, offrant, malgré leurs âmes, leur service au progrès. Mais alors, dans ces interstices où se meuvent l’esprit des damnés et celui des guerriers, pourquoi, si la colonisation et l’occupation étaient un legs majestueux, pourquoi avoir chassé les nazis de France ?Une question fondamentale qui puise ses origines dans les oripeaux des collaborateurs de Vichy, ces âmes perdues qui s’empressèrent de valider la théorie du genre, façonnant ainsi une implication qui sonna le glas de la liberté. Mais malgré cela, des hommes de courage ont pensé qu’une autre idée pouvait germer. C’est alors que des mains porteuses d’espoir surgirent, comme elles l’ont fait en Algérie pour dire non à la colonisation, non à la soumission. Peut-être faudrait-il à Marine consulter les livres et se rendre compte que sa posture de liberté, elle la doit aussi à des Arabes et des Africains. Comme Jean Moulin, qui a su, dans les ténèbres de l’Occupation, « faire le choix de la liberté », ou comme Alexandre Dumas, qui rappelait que « la liberté est le bien le plus précieux, celui qu’on ne peut acheter, ni vendre », ou encore Sartre qui, dans sa vision existentialiste, soulignait que « l’homme est condamné à être libre ». C’est cette liberté, arrachée au prix du sang, que l’on doit honorer.

Les combattants musulmans pendant la guerre 1944 pour sauver la France

Les colonisés, loin d’être des sujets d’un « progrès » imposé, ont été des acteurs de leur propre émancipation. La liberté n’est pas un don mais une conquête, une lutte acharnée que les peuples n’ont cessé de mener, qu’ils soient en Algérie, en France ou ailleurs. Et si l’on parle de « légitimité », il est temps de rappeler que cette légitimité n’est pas une question d’histoire coloniale, mais de respect de la dignité humaine.Le peuple algérien, qui a vu sa population fondre comme neige au soleil pendant la guerre coloniale, sait mieux que quiconque le prix de la liberté. Pourtant, dans un esprit de conquête et animé par cette force qui se meut en chaque guerrier ou guerrière, ce peuple a su tendre la main pour aller de l’avant, en tournant la page, mais sans l’arracher. Car un homme sait où il va lorsqu’il sait d’où il vient, et le peuple de la nation algérienne connaît le prix du sang. Ce peuple est animé par l’amour de son prochain et par cette volonté altruiste de faire prospérer la liberté partout sur cette planète.Il est fondamental de se rappeler que la liberté n’est pas un luxe mais une nécessité. Kwame Nkrumah, le leader ghanéen, a dit : « L’Afrique doit être libre, et la liberté africaine est un impératif pour la paix du monde entier ». C’est ce même impératif qui guide l’âme de l’Algérie, un peuple qui a su sacrifier et lutter pour s’affranchir de l’oppression coloniale. Cette quête de la liberté résonne dans les mots de Frantz Fanon, qui écrivait : « Le colonisé n’est pas l’égal du colonisateur, il est un être dépossédé, un être nié dans sa dignité. La liberté se conquiert par la lutte, et non par la soumission ».

Abdelkader, grande figure algérienne de la résistance contre l’occupation française.

Les Algériens, fidèles à leur héritage de résistance, ont compris cette lutte en profondeur. Et c’est pourquoi, même dans l’ombre, des hommes et des femmes vertueux, souvent anonymes, se battent pour faire exister les voix silencieuses sur la scène internationale. Leur volonté est celle de bâtir un monde où la liberté et la justice prévalent pour tous. Cheikh Anta Diop, par exemple, soulignait avec force : « La liberté des peuples africains est la clé de leur développement et de leur émancipation ». Cette conviction trouve un écho dans les luttes menées à travers les siècles.Ainsi, comme je tends à penser : « Ce qui fait peur n’est pas la capacité de l’Algérie à briller, ce qui effraie, c’est sa capacité à faire briller les autres ». Ce qui effraie, c’est que l’Algérie, qui a payé le prix fort pour sa liberté, incarne un modèle de solidarité et d’unité. Elle est un phare pour d’autres nations qui aspirent à leur propre émancipation. Cette lumière, portée par le sacrifice et la lutte des générations passées, continue de briller dans les cœurs de ceux qui croient en une liberté partagée, un monde où chacun est libre de son destin.Peut-être que la France, dans son cheminement actuel, devrait s’inspirer de ces combats nobles, de ces luttes pour la dignité et la liberté. Peut-être, Madame Marine Le Pen, qu’en vous imprégnant de cet esprit de résistance et de fraternité, vous pourriez trouver l’inspiration nécessaire pour voir le monde autrement. En touchant l’essence même de l’humanité, vous pourriez, peut-être, relativiser certaines de vos certitudes, peut-être considérer l’autre non plus comme un étranger, mais comme un prolongement de vous-même, une partie d’une communauté humaine plus grande, où chaque individu mérite respect et reconnaissance.L’histoire de la résistance, qu’elle soit algérienne, africaine ou mondiale, nous enseigne que la véritable grandeur d’un peuple réside dans sa capacité à se réconcilier avec l’autre, à tendre la main même à ceux qu’on a longtemps considérés comme des ennemis. Peut-être est-il temps, pour tous, de puiser dans cette sagesse ancienne, de dépasser les clivages et de renouer avec ce qui nous unit tous : l’humanité partagée. La vraie liberté, après tout, ne se construit pas dans la division, mais dans la reconnaissance de l’autre, dans l’acceptation de nos différences. C’est cette voie, celle de l’unité et de la dignité commune, qui pourrait, au fond, éclairer l’avenir.

Par Nabil Khalfaoui

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