Jeux de Dupe

Jeux de Dupe

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Par Nabil Khalfaoui

Au lendemain de l’attaque coordonnée par les États-Unis et l’entité maléfique, on a vu le Qatar se draper d’un rôle providentiel, convoquer les nations et proposer la création d’une armée « pour l’orphelin ».Mais dites-moi : où était cet orphelin quand Gaza a plongé dans la nuit ? Où sont-ils quand les enfants hurlent de faim et de soif, tandis que des milliards changent de mains sans qu’une seule goutte d’eau ne parvienne aux mourants ? Rien. Le silence est la plus cruelle des réponses.

Aujourd’hui on nous présente des repentis au visage blême : « Nous voyons la menace », disent-ils. Mais l’œil qui s’éveille après l’orage est souvent celui qui a fermé les yeux trop longtemps. N’est-ce pas là un artifice, un stratagème pour ramasser des nations fières dans le filet tendu par l’ennemi ?
Sun Tzu l’enseignait sans fard : « Connais-toi toi-même et connais ton ennemi, et tu vaincras cent batailles sans péril. » Or ceux qui signent, se taisent puis dénoncent, en jouent-ils ou se croient-ils repentis ? La confusion est l’arme la plus précieuse pour celui qui tire les ficelles.Écoutez : les rires fusent à Washington, ils fusent à Tel-Aviv. On se plaît à regarder la parade, des pays arabes sommés de s’unir pour faire face à un territoire minuscule comme si l’immensité du monde pouvait être pesée à la taille d’une île. On s’amuse déjà à maquiller la scène en tragédie victimaire pour mieux appeler l’Occident au secours dans les médias mainstream : « Sauvez-nous de la menace musulmane ! » tandis qu’on a les bras liés par des accords et des compromissions passées.La menace est plus subtile qu’un coup d’épée : elle est pièce posée sur pièce, serment sur serment, traité sur traité. Sun Tzu encore : « La suprême excellence consiste à briser la résistance de l’ennemi sans combattre. » 

Le piège, c’est d’être lié par vos propres signatures, d’être enchaîné par vos promesses, de livrer l’avenir à des logiques qui ne servent pas vos peuples.Et que dire des États qui, sous couvert de pragmatisme, portent une ombre lourde ?  L’Égypte, le Maroc, la Jordanie, territoires d’histoire affichent des postures publiques et cultivent en coulisses des jeux d’ombre. Ce n’est pas un appel à la haine, mais une alerte : quand des voisins décrètent des rapprochements opaques, entretiennent des relations ambiguës ou privilégient la rente et la comédie diplomatique, ils deviennent vecteurs d’instabilité. Leurs gestes, parfois silencieux, façonnent la géographie du piège.
Ne confondons pas intérêt tactique et trahison ; mais ne fermons pas les yeux devant l’ambiguïté. Ceux qui naviguent entre deux rives finiront par tomber entre deux feux.Achille n’avait peur ni des fleuves ni des hommes : il redoutait le déshonneur. Homère ne chanterait pas votre gloire si vous vendiez votre honneur pour une couronne d’apparat. Vous qui tradez l’éthique contre la visibilité, qui troquez la mémoire contre des contrats, sachez que vos chansons seront des railleries et vos lauriers, des épines.Le héros vrai assume la douleur, accepte le sacrifice, mais ne renonce jamais à la fidélité de son peuple. Là est la différence entre la bravoure et la comédie.Imaginez la suite : un bombardement frappera l’un des protagonistes, et les serments liant des nations entreront en jeu. Ceux qui, aujourd’hui, applaudissent des tribunes sûres seront entraînés, par leurs propres actes dans un conflit qu’ils n’ont pas choisi. Le piège est donc double : on vous lie pour faire de vous des alliés, puis on fait de vous des cibles. Voilà la logique qui doit nous réveiller.Ne soyons pas dupes : l’Algérie ne dansera pas une valse où la promise a déjà un cavalier. Fidèle à son histoire de résistance, elle ne ralliera pas un cortège d’hypothétiques sauveurs qui, hier, ont fermé les ports, détourné le regard, marchandé la dignité. Nous savons lire la stratégie : qui signe aujourd’hui peut trahir demain, qui sourit peut poignarder à l’ombre.Sun Tzu nous met en garde contre l’illusion du pouvoir : l’ennemi qui vous flatte est souvent celui qui vous dévore. Homère nous rappelle que l’honneur est éternel, la honte passagère mais ravageuse. Que chaque acteur sache où il place sa voix : dans la fidélité ou dans la comédie.Car si vous vous faites mordre par le serpent de la compromission, la morsure ne vous réveillera que lorsqu’il sera trop tard.Pour conclure, en style d’acharnement héroïque : levons-nous avec la sagesse des stratèges et la fureur des héros. Lisons chaque geste, pesons chaque serment, et refusons d’être les pions d’un échiquier ourdi par des mains étrangères. L’Algérie, fière et lucide, préférera toujours la route difficile de l’honneur à la voie facile du compromis.

N. K

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