Salama News

Salama News

584

Algérie

Sommet arabe: début des travaux de la réunion du CESA au niveau ministériel

ALGER – Les travaux de la réunion du Conseil économique et social de la Ligue arabe (CESA) au niveau ministériel, préparatoire au Sommet arabe d’Alger, ont débuté vendredi au Centre international des Conférences (CIC) Abdelatif Rehal.

Cette réunion, à laquelle prennent part le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit et les ministres arabes du Commerce, planchera sur les clauses débattues lors de la réunion préparatoire des hauts responsables du CESA, tenue jeudi à Alger, en prévision du 31e Sommet arabe (1er et 2 novembre).

Il s’agit notamment de la relance économique et sociale après la pandémie du covid-19 dans les pays arabe, la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), établir l’Union douanière arabe, la vision arabe sur l’économie numérique, les défis de la sécurité alimentaire et le développement agricole durable.

Les ministres du CESA examineront également les efforts des pays membres dans le cadre de la mise en œuvre du plan du développement durable à l’horizon 2030, la création du Centre arabe d’études sur l’autonomisation économique et sociale dans l’Etat de Palestine, et la stratégie de la promotion du travail de la femme.

Sécurité alimentaire: appel à cristalliser une vision arabe intégrée pour relever les défis

Le Secrétaire général (SG) de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit a appelé, vendredi à Alger, à la cristallisation d’une vision arabe intégrée pour relever les défis de la sécurité alimentaire dans la région.

Dans une allocution prononcée à l’ouverture du Conseil économique et social de la Ligue arabe (CESA) au niveau de la réunion ministérielle préparatoire au 31e Sommet arabe, au Centre international des conférences (CIC) « Abdelatif Rahal », M. Aboul Gheit a affirmé que « les indicateurs de sécurité alimentaire dans les pays arabes ont reculé de façon inquiétante non seulement à cause de la pandémie et de ses répercussions, mais aussi en raison de plusieurs facteurs et l’accumulation de nombreux problèmes ».

Parmi ces problèmes, le SG de la Ligue a évoqué notamment la sécheresse, le recul permanent du quota en eau du citoyen arabe, la croissance démographique et le manque d’investissement agricole.

Pour faire face à cette situation, le SG de la Ligue a mis en avant l’importance d’aboutir à « une vision globale pour atteindre  l’autosuffisance alimentaire escomptée et combler le fossé avec une approche intégrée soutenue par la mobilisation des potentialités arabes ».

M. Aboul Gheit a également évoqué à ce propos certaines clauses de la réunion du CESA, vendredi, dont la stratégie arabe pour le développement agricole durable, l’initiative pour l’amélioration de la qualité technologique du blé produit localement et la viabilité des pâturages arabes.

Dans ce cadre, M. Aboul Gheit a souligné que la prochaine étape exige un travail de réflexion et des efforts en faveur du développement selon une approche intégrée permettant de s’attaquer aux questions alimentaire, énergétique et climatique à travers une stratégie axée sur l’interaction entre ces trois domaines ».

Concernant les changements climatiques, le secrétaire général de la Ligue arabe a rappelé que la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP27) se tiendra cette année à Charm El-Cheikh (Egypte) et la COP28 aux Emirats arabes unis l’année prochaine. « C’est l’occasion pour le monde arabe d’exposer sa vision et ses préoccupations sur le climat, mais aussi concernant les questions interconnectées de la durabilité de la croissance, de la production alimentaire et de l’énergie », a-t-il estimé.

« L’action arabe commune, au sens global, est à même de nous permettre de surmonter les difficultés et de relever les défis, si nous réussissons à tirer parti du potentiel humaine et matériel arabe, à travers la réalisation d’une véritable intégration arabe dans différents domaines et l’amélioration des capacités et du rendement de l’organisation panarabe », a-t-il soutenu.

Après avoir mis en avant le rôle des organisations arabes et des conseils ministériels spécialisés, M. Aboul Gheit a appelé à « soutenir les institutions et les conseils ministériels de l’action arabe commune, financièrement et politiquement, afin de leur permettre d’accomplir leurs missions de manière optimale au mieux des intérêts des citoyens arabes ».

Associer la recherche scientifique au développement de la culture de la figue de Barbarie

SOUK AHRAS – Des experts algériens et italiens ont recommandé d’associer la recherche scientifique au développement de la culture de la figue de Barbarie, à la faveur de leur participation jeudi à Tébessa à un atelier scientifique sur le développement et la valorisation de ce fruit.

« Il est devenu impératif de mettre en place une stratégie qui mette en œuvre les résultats des recherches scientifiques pour donner une valeur ajoutée à l’exploitation de ce fruit », a soutenu Hamza Bechihi, secrétaire général de la chambre de l’agriculture de Souk Ahras, initiatrice de la rencontre organisée en coordination avec les universités Badji-Mokhtar (Annaba) et Mohamed-Cherif-Messaâdia (Souk Ahras).

Cela exige également l’association active de l’agriculteur, a affirmé M. Bechihi qui a indiqué qu’une superficie de plus de 5.000 hectares exploitée par 2.000 paysans est cultivée de figue de Barbarie dans cette wilaya frontalière où des efforts sont consentis pour augmenter cette superficie à 10.000 hectares.

Le responsable régional du Haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS), Tayeb Maârfia, a rappelé, de son côté, que le HCDS accordait depuis 1995 une grande importance aux plantations de figue de Barbarie à travers les wilayas de l’Est du pays dont Souk Ahras, Tébessa, Khenchela et Batna, précisant que 25.000 hectares ont été plantés de ce fruit à travers ces wilayas au regard de son importance écologique et socio-économique.

Organisée avec le concours d’un groupe d’experts, la rencontre a été marquée également par l’intervention d’un expert Italien, Guido Lingue, sur les biotechniques pour un développement durable de la culture de fruit de cactus et les perspectives de sa valorisation.

Les intervenants ont affirmé les grandes possibilités que peut offrir la culture de ce fruit pour le développement des économies des régions arides et subarides.

Ils ont également mis l’accent sur la stratégie de renouveau agricole et rural et de sécurité alimentaire adoptée par l’Algérie à travers le lancement des programmes d’intensification, d’appui financier et de développement rural.

Les intervenants ont préconisé l’association de la femme rurale au travers de coopératives mettant l’accent sur la possibilité d’utilisation de cette plante comme aliment de bétail.

Ils ont aussi appelé à encourager les recherches sur la valorisation de la figue de Barbarie, la création d’un réseau algérien de chercheurs et l’élaboration d’un programme national de plantation de figue de Barbarie qui participerait à la création d’emplois, à la lutte contre la désertification et au renouveau rural.

Europe

Royaume-Uni :

 Le roi Charles III veut empêcher Harry et Andrew de le suppléer

Charles III va modifier la loi britannique pour éviter que les princes Harry et Andrew assurent son intérim lorsqu’il est malade ou à l’étranger, selon des informations glanées par plusieurs médias locaux.

Encore une décision qui devrait faire parler outre-Manche. Le roi Charles III s’apprête à modifier la loi britannique. Le but ? Empêcher que les princes Harry et Andrew, en retrait de la famille royale, assurent son intérim quand il est malade ou à l’étranger.

Selon une loi de 1937, le monarque peut être remplacé pour certaines tâches, comme la signature de documents officiels lors de ses absences par son époux ou épouse et par les quatre premiers adultes dans l’ordre de succession.

Une modification de la loi prévue « dans les prochaines semaines »

Pour Charles, il s’agit de la reine consort Camilla, de ses fils William et Harry, de son frère Andrew et de sa nièce Beatrice. Mais Harry s’est éloigné de la famille royale et s’est installé aux Etats-Unis avec son épouse Meghan Markle. Le prince Andrew a été lui privé de tout rôle après des accusations d’agressions sexuelles.

La liste des personnes pouvant le remplacer devrait être élargie, selon plusieurs médias, pour inclure la princesse Anne et le prince Edward, sœur et frère de Charles III. Cette solution permet de ne pas avoir recours à Harry et Andrew sans les exclure formellement.

Selon le Telegraph, une modification de la loi pourrait avoir lieu « dans les prochaines semaines » et constitue « une étape logique » avant les déplacements à l’étranger prévus par Charles et Camilla en 2023.

Irlande du Nord :

Face à l’impasse politique, Londres convoque des élections anticipées

Le gouvernement britannique va convoquer des élections anticipées pour le Stormont, l’Assemblée de l’Irlande du Nord, afin de sortir la province britannique du blocage politique. Depuis février, le Parti unioniste démocratique (DUP) pro-britannique s’est retiré du gouvernement de partage du pouvoir pour protester contre certaines dispositions post-Brexit, empêchant la formation d’un exécutif. 

Les Nord-Irlandais vont devoir voter pour la deuxième fois cette année : Londres a déclaré, vendredi 28 octobre, être « dans l’obligation légale » de convoquer des élections anticipées pour cette province britannique en plein blocage politique autour des dispositions commerciales post-Brexit.

Après une réunion de la dernière chance des parlementaires nord-irlandais jeudi, la date-butoir fixée par Londres est passée sans que les unionistes, qui estiment que la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni est menacée, ne plient et n’acceptent de mettre fin à leur boycott des institutions locales.

Le blocage politique est dû au fait que le parti unioniste DUP, opposé aux dispositions post-Brexit, refuse de participer à l’assemblée locale, ce qui empêche la formation d’un exécutif. Ce dernier doit être partagé avec les républicains du Sinn Fein, partisans d’une réunification avec la République d’Irlande et victorieux des élections locales en mai, en vertu de l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trois décennies de conflit intercommunautaire (faisant 3 500 morts).

France :

Vives réactions des oppositions après l’interview d’Emmanuel Macron

Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par Les Républicains ou le Parti socialiste, l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2, mercredi soir, a fait vivement réagir les opposants politiques du président. Ces derniers ont notamment répondu aux accusations de cynisme et de désordre lancées par le chef de l’État.

Les opposants politiques à Emmanuel Macron n’ont pas manqué de réagir après l’interview du chef de l’État, mercredi 26 octobre, sur France 2, répondant aux attaques lancées par le président de la République pour les uns, ou montrant leur désaccord sur des sujets de fond pour les autres. Petit florilège.

Flambée des prix de l’énergie :

 

De nouvelles aides pour les entreprises et collectivités

Le gouvernement d’Élisabeth Borne a annoncé jeudi de nouvelles aides pour soutenir les entreprises et les collectivités territoriales face à l’explosion de leurs factures énergétique. Sur les près de 12 milliards d’euros annoncés, 7 milliards notamment proviendront des « rentes » prélevées aux énergéticiens dans le cadre d’une taxe exceptionnelle.

Entreprises et collectivités « ne pouvaient pas attendre » : le gouvernement a annoncé, jeudi 27 octobre, de nouvelles aides pour les soutenir face à l’explosion de leurs factures d’énergie, avec une enveloppe totale de près de 12 milliards d’euros.

Depuis des semaines, organisations patronales et collectivités tiraient la sonnette d’alarme, se relayant à Bercy auprès des ministres de l’Économie Bruno Le Maire et de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher pour négocier de nouvelles aides.

« Nos entreprises et nos collectivités ne pouvaient pas attendre »

Le président Emmanuel Macron avait annoncé mercredi soir sur France 2 de nouveaux dispositifs, dont les détails ont été précisés jeudi au cours d’une conférence de presse à Matignon.

Le gouvernement cherche avant tout à obtenir une baisse structurelle des prix de l’énergie à l’échelle européenne mais la Première ministre Élisabeth Borne a déclaré qu’il était « indispensable de donner de la visibilité à tous les acteurs ». « Nos entreprises et nos collectivités ne pouvaient pas attendre », a-t-elle martelé.

International

Brésil

Présidentielle au Brésil : insultes, fake news…la campagne de tous les excès

Insulte, fakenews et promesses au Brésil…Dimanche, les électeurs choisiront entre Lula et Bolsonaro. Les sondages donnent une légère avance à l’ancien président de gauche mais les courbes se rapprochent. Les précisions de Fanny Lothaire, correspondante France 24 à Rio de Janeiro.

Bolsonaro et Lula s’affrontent dans un ultime débat

Après une campagne à couteaux tirés et un premier tour plus serré que prévu, le Brésil élit dimanche son prochain président: l’ex-chef d’Etat de gauche Lula ou le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Philippines :

Des inondations et des glissements de terrain font plus de 60 morts

Le bilan des glissements de terrain et des inondations causés par de fortes pluies depuis jeudi dans le sud des Philippines est monté à 67 morts, ont annoncé vendredi les autorités. Une tempête tropicale doit également toucher terre dans le pays d’ici dimanche.

Au moins 67 personnes sont mortes dans des glissements de terrain et des inondations causés par de fortes pluies dans le sud des Philippines, ont annoncé vendredi 28 octobre les autorités, avant l’arrivée d’une tempête tropicale censée toucher terre d’ici dimanche.

Les eaux de crue ont rapidement envahi plusieurs villes et villages sur l’île de Mindanao, charriant arbres, pierres et boue sur leur passage, principalement dans la région pauvre de Cotabato, ville de 300 000 habitants.

L’armée a déployé des camions pour secourir les habitants bloqués à Cotabato et dans huit autres villes voisines, a déclaré le chef régional de la protection civile, Nasrullah Imam.

« C’est un choc de voir des municipalités qui n’avaient jamais été inondées être touchées », a témoigné Nasrullah Imam, ajoutant que certaines familles avaient été emportées par les flots.

« L’eau a commencé à pénétrer dans les maisons avant l’aube » et plusieurs habitants ont été pris de court par la rapide montée des eaux, a précisé à l’AFP un porte-parole des autorités locales, Naguib Sinarimbo.

Les secouristes ont retrouvé 27 corps dans la localité de Datu Odin Sinsuat, auxquels s’ajoutent 11 victimes retrouvées dans un village enseveli sous la boue.

Dix corps ont été découverts à Datu Blah Sinsuat et cinq à Upi, selon Naguib Sinarimbo, relevant que plusieurs personnes ont été sauvées après être montées sur les toits des maisons.

Les sauveteurs ont dû transporter à bout de bras un bébé dans une baignoire en plastique avec de l’eau jusqu’à la poitrine, selon une photo publiée par la police provinciale.

Un cinéaste local, Remar Pablo, a raconté à l’AFP qu’il filmait un concours de beauté dans la ville d’Upi lorsque les eaux ont submergé la ville vers minuit, provoquant la fuite des spectateurs.

« Nous étions bloqués à l’intérieur » du bâtiment, a expliqué Remar Pablo dont les images montrent une rangée de voitures à moitié submergées à l’extérieur. Lui s’est finalement jeté à l’eau pour rentrer chez lui.

Des villes sous l’eau 

Si les eaux ont désormais reculé dans plusieurs zones, la ville de Cotabato est toujours presque entièrement envahie par l’eau.

Et les autorités locales craignent de nouvelles inondations en raison de fortes pluies. « Notre objectif dans l’immédiat est de continuer les opérations de sauvetage ainsi que la mise en place de cuisines communautaires pour les survivants », a déclaré Naguib Sinarimbo.

Les garde-côtes ont également suspendu les services de ferry dans une grande partie de l’archipel où des dizaines de milliers de personnes montent à bord de bateaux chaque jour.

Les fortes pluies ont commencé jeudi soir dans la région.

L’intensité des précipitations est en partie due à la tempête tropicale Nalgae qui devrait se renforcer à l’approche du pays, ont indiqué les services météorologiques à Manille.

Nalgae se dirige vers le nord-ouest des Philippines, avec des vents de 85 km/h et pourrait toucher l’île de Samar dès vendredi ou la péninsule de Bicol dans la partie sud de l’île de Luzon dans la nuit de vendredi à samedi.

La protection civile a déjà évacué quelque 5 000 personnes en prévision de glissements de terrain et d’inondations lorsque la tempête touchera terre.

En moyenne, 20 typhons et tempêtes frappent les Philippines chaque année, tuant habitants et bétail sur leur passage, ravageant fermes, maisons, routes et ponts. Le sud du pays est rarement touché.

À mesure que la planète est atteinte par le réchauffement climatique, les tempêtes et typhons deviennent de plus en plus puissants, avertissent les scientifiques.

Fin septembre, le typhon Noru a fait au moins 10 morts aux Philippines, dont cinq secouristes. La tempête tropicale Megi, qui s’est abattue sur le pays en avril, a fait au moins 148 morts et provoqué de gigantesques glissements de terrain.

En 2013 le typhon Haiyan, le plus puissant ayant jamais touché terre, avait fait plus de 7 300 morts ou disparus.

Qatar 2022 :

Derrière « la neutralité carbone », la Coupe du monde du « greenwashing »

Depuis que le Qatar s’est vu attribuer la Coupe du monde de football, en 2010, il n’a cessé d’exprimer de hautes ambitions sur la question climatique, jusqu’à promettre d’en faire « le premier Mondial neutre en carbone ». S’il a multiplié les initiatives vertes pour montrer sa bonne foi, les défenseurs de l’environnement ne cessent de dénoncer un « greenwashing ». 

L’organisation d’une Coupe du monde de football n’est jamais sans conséquences pour la planète. Mais le Mondial-2022, qui doit démarrer le 20 novembre au Qatar, avec ses stades climatisés tout juste sortis de terre et ses 150 trajets quotidiens en avion pour acheminer les supporters, restera certainement décrié par les défenseurs de l’environnement comme l’une des plus grandes « aberrations écologiques » de l’histoire de la compétition. 

Ses organisateurs ont pourtant fait preuve de hautes ambitions concernant la question climatique : en janvier 2020, le Qatar promettait d’en faire le premier Mondial « neutre en carbone ». Quelques mois plus tard, en septembre, il détaillait sa feuille de route pour relever le défi. « Nous y arriverons en mesurant, réduisant et compensant toutes les émissions de gaz à effet de serre associées au tournoi », expliquait alors son comité d’organisation. Utilisation massive d’énergies renouvelables, matériaux éco-responsables, compensation en crédits carbone… « Le Mondial au Qatar aura un impact positif sur la manière dont les prochaines Coupe du monde et autres événements sportifs de haute envergure seront organisés », répétait-il.

« Cette promesse de neutralité carbone n’est absolument pas crédible », dénonce Gilles Defrasne, auteur d’un rapport sur le sujet pour l’ONG belge Carbon Market Watch. « Nous sommes dans un exemple flagrant de greenwashing. » 

En juin 2021, un rapport de la Fifa indiquait que la Coupe du monde 2022 produirait jusqu’à 3,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone. À titre de comparaison, la France en relâche environ 4,2 millions de tonnes chaque année. Le Mondial en Russie, en 2018, avait quant à lui généré 2,1 millions de tonnes de CO2. « C’est inhérent à ce type de compétitions qui rassemble des supporters du monde entier au même endroit. Dans l’état actuel des choses, une Coupe du monde de football ne peut pas être écologique. Malgré des efforts, l’impact environnemental restera important », explique Gilles Dufrasne. « Selon moi, c’est d’ailleurs le véritable problème. Alors qu’il serait largement temps de prendre en compte cette réalité pour l’organisation des prochains Mondiaux, la Fifa préfère lancer une campagne de greenwashing. » 

« En plein cœur du désert, chaque geste humain a un impact »

La grande majorité des émissions de CO2 en lien avec la Coupe du monde sont générées par les transports et la construction des infrastructures. Au moment de l’attribution de l’événement, en 2010, le Qatar avait comme grand argument de pouvoir limiter les déplacements en organisant une compétition centralisée, concentrée autour d’un aéroport et dans une seule ville, Doha.

Ces dix dernières années, le Qatar a donc tenté de mettre l’accent sur une réduction des émissions en multipliant les initiatives vertes. Alors que cet État gazier figure au premier rang mondial des émissions de CO2 par habitant – elles atteignaient 32,5 tonnes métriques en 2019 selon la Banque mondiale –, il a notamment annoncé un gigantesque plan solaire destiné à couvrir 10 % de ses besoins énergétiques ou encore une généralisation de l’usage des voitures électriques d’ici 2030. 

À quinze jours de la compétition, la vitrine de ses efforts est sans nul doute l’écoquartier de Msheireb, en plein centre de Doha, l’un des plus grands chantiers de construction du Mondial. Des panneaux solaires y brillent sur les toits des immeubles, tous desservis par un tram. Au milieu des hôtels, boutiques et logements, des arbres plantés et des petits plans d’eau viennent rafraîchir l’atmosphère. Des initiatives intéressantes et à saluer, mais qui restent largement insuffisantes pour compenser les dégâts pour la planète, selon Jonathan Piron, historien et auteur de « Qatar, le pays des possédants : du désert à la Coupe du monde ». « Il ne faut pas oublier les caractéristiques géographiques du Qatar. Dans ce pays en plein cœur du désert, chaque geste humain a un impact plus important qu’ailleurs sur l’environnement », explique-t-il.

« Déjà parce que le pays n’est pas du tout autonome dans l’accès aux matières premières. Pour chaque bâtiment construit, il a certainement fallu importer, par avion, de nombreux matériaux », poursuit-il. « Par exemple, installer des panneaux solaires, c’est très bien. Mais il faut les construire puis les recycler quand ils sont en fin de vie. Or, dans un climat comme celui-ci, ils s’abîment plus vite. Est-ce que cela a été pris en compte ? »

Pour l’historien, le gazon sur lequel les joueurs se rencontreront à partir du 20 novembre est une parfaite illustration du problème. « Peu importe les efforts effectués par la Fifa pour répondre aux normes, il a fallu faire venir des centaines de tonnes de semences de gazon des États-Unis, dans des avions climatisés. Alors que le pays manque d’eau, il a ensuite fallu les faire pousser en les arrosant avec de l’eau de mer dessalée – un processus qui coûte cher en énergie et qui perturbe beaucoup l’écosystème », déplore-t-il. Au total, chacun des huit stades construits à l’occasion du Mondial nécessite 10 000 litres d’eau dessalée par jour en hiver, 50 000 litres en été, selon un enquête menée par Reuters.

« Quand on parle de l’impact environnemental, il ne faut pas seulement considérer le mois où les équipes et le public seront là. Toute la pollution générée depuis dix ans pour accueillir l’événement compte », résume-t-il. 

La réutilisation des infrastructures en question

Au centre du problème, se pose ainsi la question de la réutilisation des infrastructures construites pour l’occasion. « À qui est destiné l’écoquartier de Msheireb ? Que deviendra-t-il après la Coupe du monde ? Est-il destiné à héberger des expatriés ? Si c’est le cas, est-on sûrs qu’il trouvera preneur ? », interroge Jonathan Piron. Autrement dit, la pollution générée vaut-elle le coût ?

La même interrogation subsiste autour des stades. Selon Carbon Market Watch, l’empreinte carbone autour de leur construction pourrait avoir été sous-estimée d’un facteur huit. Il faudrait ainsi comptabiliser 1,6 million de tonnes de CO2 au lieu des 0,2 million affichés par la Fifa et les autorités du Qatar. 

« Doha estime qu’il faut diviser l’empreinte carbone de leur construction par leur soixante années de durée de vie, assurant qu’ils vont resservir », explique Gilles Dufrasne. « Mais pour le moment, les autorités restent très floues sur ce qu’elles vont en faire. Et dans ce pays de seulement 2,4 millions d’habitants, on estime qu’il y a un vrai risque pour qu’ils ne resservent que très ponctuellement. »

Le Qatar a d’ores et déjà assuré que ces stades serviront à accueillir la Coupe d’Asie de football, à l’été 2023. Six d’entre eux seront ensuite dédiés à des usages grand public, pour des écoles, des hôtels ou des clubs. Le septième sera entièrement démonté. « Ce stade pose aussi beaucoup de questions. Il est censé être démontable et transportable pour pouvoir servir dans de futures compétitions dans le monde entier. Pour le moment, nous n’avons absolument aucune information sur le lieu où il pourrait être réutilisé. Or, on sait aussi qu’il est plus coûteux en CO2… S’il faut lui faire parcourir des milliers de kilomètres jusqu’à sa prochaine destination, ce n’est pas sûr que la planète y gagne. »

À ces problématiques s’ajoute la controversée climatisation des stades, perçue dans les pays occidentaux comme le symbole de cette « aberration écologique ». « En réalité, c’est relativement minime par rapport aux émissions totales même si évidemment, ce serait mieux que les stades ne soient pas climatisés du tout », assure Gilles Dufrasne.

Une dernière source de pollution est venue perturber les plans des autorités : le transport aérien. Alors qu’elles espéraient limiter les déplacements internes pendant le mois de compétition, des spectateurs effectueront sans cesse des vols aller-retour depuis les pays voisins. On annonce déjà plus de 150 vols allers-retours quotidiens.

Compensation carbone

Pour tenir leur promesse d’une neutralité carbone, la Fifa et le Qatar assurent qu’ils compenseront toutes leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits carbone, c’est-à-dire en soutenant des programmes de réduction ou de séquestration de CO2 partout dans le monde. « À deux semaines de l’événement, on est loin du compte », tance Gilles Dufrasne. Un crédit correspond à une tonne de CO2. Le Qatar doit donc acheter 3,6 millions de crédits. À ce jour, il n’en a acheté que 200 000.

« Et pour le moment, ces crédits sont peu susceptibles d’avoir un impact positif sur le climat », poursuit-il. « Notamment parce qu’ils financent des projets qui en avaient peu besoin. » Les trois projets financés comprennent le développement des énergies renouvelables en Turquie, « un projet viable économiquement, qui aurait vu le jour avec ou sans l’aide du Qatar », estime Gilles Dufrasne.

« Sans compter que des organisations internationales de compensation carbone existent déjà mais la Coupe du monde a préféré créer son propre programme« , poursuit-t-il. « Cela pose une vraie question de transparence et de crédibilité. »

Au-delà de ça, le système même de compensation carbone est sujet à débats. « Financer des bonnes actions ailleurs dans le monde ne répare pas les dégâts que l’on fait », déplore Jonathan Piron. « Là encore, c’est un exemple typique de greenwashing. »

Commentaires

commentaires

PARTAGER
Article précédentSalama News
Article suivantSalama News