Le royaume saoudien en guerre

Le royaume saoudien en guerre

1786

Hadj Sahraoui HassinaLe monde arabo-musulman est en ébullition. Certains pays arabes s’enlisent, du Maghreb au Moyen-Orient en passant par l’Afrique et l’Asie, à cause du terrorisme et des différents groupes qui tentent d’imposer leur loi. Et ce, après la création de 18 principaux groupes islamistes armés dans le monde, tels que le GIA, l’Aqmi, Boko Haram, Al-Qaïda, les talibans, Mujao, Daech, etc. La situation est particulière dans le monde arabo-musulman, car aujourd’hui rien ne va plus entre les sunnites et les chiites. De Gaza au Liban en passant par le Bahreïn, la Syrie ou l’Irak, les deux communautés se distinguent par leur rivalité mutuelle. Le Yémen vient s’ajouter à la liste, théâtre apparent d’une guerre par procuration entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Le Moyen-Orient est-il destiné à s’enflammer autour d’un conflit ? On se bat entre Arabes et musulmans pour le plus grand bonheur de leurs ennemis américains et israéliens. Les ÉtatsUnis et les Saoud partent à l’offensive dans tous les pays qui leur résistent, principalement en Syrie, en Irak. On en parle, à juste titre, alors que le massacre par les islamistes shebab, qui a eu lieu le 2 avril dernier à l’université de Garissa, à l’est du Kenya, et qui a fait 148 victimes dont 142 étudiants, a été immédiatement oublié. Une absence totale d’intérêt du monde pré- occupé par la coalition et la panique du royaume saoudien et son intervention sur la péninsule Arabique. Intervenir au Yémen n’est il pas un risque de s’embourber dans un conflit impossible à gagner (l’exemple de la Libye), ou bien ne pas réagir est-ce perdre toute crédibilité dans sa région d’influence ? Il est vrai que l’arrivée au pouvoir d’un groupe chiite aidé par l’Iran au Yémen pourrait réveiller la question chiite au Bahreïn – où Ryad était intervenue militairement en 2011 pour écraser un soulèvement interprété comme religieux – voire à l’intérieur du royaume saoudien qui compte une minorité de chiite non négligeable. Mais la récente accession au trône de Salman, après la mort de son père le roi Abdallah, semble avoir également joué un rôle important dans la décision de Riyad, ainsi que les négociations en cours sur le programme nucléaire iranien, dans lequel les dirigeants saoudiens soupçonnent Washington de vouloir trop céder à Téhéran, son ennemi héréditaire. Reconstituer « l’empire perse » et contrôler désormais quatre pays arabes (le Liban, la Syrie, l’Irak et le Yémen), notamment à la faveur de la guerre contre les djihadistes sunnites de l’organisation État islamique (EI) en Irak et en Syrie, où Téhéran est massivement présent militairement, n’ont pu qu’irriter une monarchie saoudienne fragilisée. Les négociations en cours sur le nucléaire iranien semblent, en tout cas, avoir joué un rôle important dans la décision de Riyad. Rappelons au passage qu’à deux reprises, en 1960, le royaume saoudien avait perdu militairement au Yémen, en soutenant le camp monarchiste (l’époque était d’obédience zaïdite, une branche minoritaire du chiisme) puis en 2009 en intervenant, déjà, contre la rébellion houthiste à l’appel du président déchu Ali Abdellah Saleh. L’Arabie Saoudite se trouve à son tour dans la tourmente de la grande guerre régionale entre puissances chiites et sunnites, pas tant motivée par des raisons religieuses que de suprématie géopolitique.

Commentaires

commentaires