Quel Avenir pour les Pays Exportateurs du Gaz ?

Quel Avenir pour les Pays Exportateurs du Gaz ?

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Noureddine Legheliel
Noureddine Legheliel

Le 7ᵉ sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) a clôturé ces travaux, le samedi 2 mars 2024, sous la présidence du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, par l’adoption de la « Déclaration d’Alger ». A cette occasion le magazine SALAMA s’est entretenu avec Monsieur Noureddine Legheliel expert et analyste Boursier, pour avoir son avis sur le marché gazier dans le monde et en particulier en Algérie.

Noureddine Legheliel expert et analyste Boursier
Noureddine Legheliel expert et analyste Boursier

SALAMA : La demande de gaz naturel devrait augmenter à 50% dans les vingt ans à venir pour aboutir à 4400 mètres cubes vers 2030, à l’origine, les pays industrialisés l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) étaient producteurs de gaz mais cette offre est désormais en déclin à votre avis c’est dû à quoi ?

N L : Une sur production du gaz qui a provoqué certains épuisements des gisements gaziers dans les pays de l’OCDE…Pour les USA la découverte des gaz de Schiste avait renforcé la production du gaz et la fabrication du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) aux USA au point qu’ils sont devenus aujourd’hui un des plus grands exportateurs des GNL vers l’Europe et l’Asie.

SALAMA : la Russie, l’Iran et le Qatar disposent de 56 % des réserves mondiales de gaz. La région Moyen-Orient joue donc un rôle majeur dans ce commerce où le Qatar occupe la première place. Mais un autre acteur commence à émerger : Israël, dont les préoccupations énergétiques ne sont pas sans conséquences géopolitiques. Est-ce que vous pensez que leur but c’est de récupérer gaza pour accélérer l’exploitation d’un gisement de gaz naturel au large de ses côtes ?

N L : Cette thèse est fort plausible, un mois après le déclenchement de l’agression israélienne contre Gaza …les actions des entreprises israéliennes du gaz et du pétrole cotées á la bourse de Tel Aviv commençaient à grimper …

SALAMA : Le Qatar occupe une place unique au Moyen-Orient, dans son rapport au gaz, est le troisième pays au monde en termes de réserves prouvées de gaz après la Russie et son voisin iranien. Est-ce que l’Algérie doit adopter la même stratégie qatarie à savoir d’être présente à chaque maillon de la chaîne de production et d’exportation ?

N L : Le Qatar mène une politique agressive en matière des exportations de son gaz naturel et de son GNL, appliquant une stratégie de force concurrentielle avec des prix plus bas que ceux du marché. L’Algérie peut s’inspirer du Qatar mais á mon avis il serait plus rentable pour l’Algérie de s’intéresser plus á ses clients traditionnels qui sont l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Turquie afin que ces derniers ne se tournent pas vers d’autres fournisseurs. La stratégie algérienne d’attirer les entreprises italiennes en Algérie et les accords signés par les entreprises algériennes avec l’entreprise italienne est une stratégie de gagnant – gagnant.

SALAMA : Pour le Qatar les dépenses portent sur la production mais également le transport avec à terme l’ambition d’assurer le tiers des exportations mondiales de GNL. Est que l’Algérie aussi sera-t-elle capable de valoriser ses acquis ?

N L : Le Qatar s’est inspiré des USA …En 2020 car deux ans avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, les américains faisaient de grandes commandes aux sud-coréens et aux japonais de livraison des Méthaniers …le Qatar avait suivi le pas aux américains en faisant des commandes similaires des méthaniers chez les mêmes fournisseurs. Aujourd’hui les fournisseurs sud-coréens et japonais exigeants á leurs clients de payer á l’avance les commandes et d’attendre entre 3 et 4 ans pour les livraisons des méthaniers. Tout cela montre l’intérêt que le montre l’état du Qatar pour le GNL. Quant á L’Algérie qui était des pionniers de l’industrie du GNL au monde durant les années 60 et 70, notre pays peut facilement relever les défis et se lancer dans la fabrication du GNL.

SALAMA : Le plus récent pays membre du Forum (GECF) c’est la Mauritanie, ainsi que le Sénégal qui a formulé une demande officielle pour adhérer au forum et il devient membre observateur. Est-ce que grâce à la diplomatie Algérienne qui a réussi convaincre ces deux pays ? et pour quelle raison ?

N L : Oui certainement que l’Algérie a joué un rôle pour l’admission de ces deux pays au forum (GECF) …il ne faut pas oublier que la coopération énergétique entre l’Algérie et la Mauritanie date des années 70, la première et la seule raffinerie qui existait en Mauritanie la raffinerie de Nouadhibou á été construite avec l’aide de la Sonatrach au milieu des années 70, L’Algérie pourrait coopérer de nouveau avec la Mauritanie dans partenariat gagnant- gagnant pour l’exploitation du gaz Mauritanien.

SALAMA : Au 7e Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) à Alger, pendant deux jours la réunion entre les membres du GECF pour des échanges et des consultations, puis il y a eu la déclaration d’Alger. Pourriez-vous nous donner votre avis sur cette déclaration et d’après vous quels sont les points les plus forts et les plus intéressants ?

N L : La déclaration d’Alger était plus favorable pour la Russie et l’Iran deux pays soumis aux sanctions économiques et énergétiques occidentales ….une bonne entente , un élargissement des pays membres de ce forum et une convergences des intérêts des pays membres de ce forum peuvent créer une OPEP du gaz …mais le chemin est encore long et plein d’obstacles pour la réalisation d’un tel projet , vu la financiarisation des marchés des matières, et vu la domination qu’exercent les américains sur ces marchés.

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