L’épouvantail Marocain

L’épouvantail Marocain

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Dans un monde en perpétuelle transformation, où les intérêts géopolitiques se font de plus en plus menaçants, tels des vagues déchaînées prêtes à engloutir l’horizon, des États moribonds semblent jouer leur ultime carte, jetant aux orties les leçons de l’histoire pour nourrir des ambitions mortifères, à la lisière des spectres du colonialisme d’antan. Le dernier épisode de cette farce tragique s’est joué sur le sol algérien, où un drone turc a été abattu par l’armée algérienne. Cette infamie, d’apparence anodine, a réveillé les démons de la haine et de la propagande, orchestrée par le Maroc et ses alliés. Dans la foulée, le Maroc s’est révélé dans toute sa détestable splendeur, et les masques sont tombés.Mais qui, il y a à peine une semaine, a tendu la main pour la réconciliation ? Qui, si ce n’est Assimi Goita, le président du Mali, qui s’est entretenu avec Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, dans un élan de dialogue pour renforcer la solidarité entre nos deux nations africaines ? Alors pourquoi ce soudain déferlement de rancœur ? Pourquoi cette tension artificiellement alimentée ?La réponse est limpide et se trouve dans les accords et échanges commerciaux entre l’Algérie et ses partenaires sahéliens, notamment à travers le projet monumental du gazoduc Transsaharien, surnommé aussi Trans-Saharan Gas Pipeline, qui devrait relier le Nigeria à l’Algérie dès 2027, transportant du gaz naturel vers l’Europe. Un projet de cette envergure a mis à jour les ennemis de l’Afrique et de l’Algérie, et l’un d’entre eux n’est autre que le Maroc.Alors, quel lien existe-t-il entre ce drone turc et cette manœuvre géopolitique ? Avant d’y répondre, permettez-moi de souligner un détail qui pourrait sembler anodin, mais qui s’avère crucial : les États-Unis fournissent des avions de chasse F-15 à certains pays. Or, ce que beaucoup ignorent, c’est qu’avant même que l’un de ces avions ne prenne son envol, un impératif s’impose : alerter le commandement américain pour l’informer du plan de vol. Si ce protocole n’est pas respecté, les autorités militaires américaines prennent le contrôle des appareils pour éviter tout décollage ou toute opération militaire non autorisée.Le drone abattu en Algérie, fabriqué par la Turquie, est précisément le même modèle que le Maroc possède. Et à ce stade, une simple question s’impose : que se passerait-il si le Maroc ou la Turquie avaient accès à des technologies permettant de brouiller les commandes de ces appareils, ou pire, de dévier leur trajectoire ? Tout cela n’est-il pas l’évidence même d’un plan conçu pour empoisonner l’air, semer la discorde et attiser une guerre entre deux pays frères ? C’est là que l’histoire prend une tournure décisive. Le Maroc, dans sa quête insensée de déstabilisation, pensait peut-être que ce drone serait un épouvantail suffisant pour semer des conflits entre l’Algérie et le Mali. Mais en vérité, il a rendu un immense service aux deux nations. Car ce qu’il a mis en lumière, c’est une réalité implacable : les drones Turcs, loin d’être des armes redoutables, sont en fait des instruments de défaite potentielle. Loin d’être des instruments de guerre parfaits, ce ne sont en réalité que des épées de Damoclès suspendues au-dessus de leurs utilisateurs. Ce sont des machines défaillantes, prêtes à se retourner contre ceux qui osent s’en servir, devenant les pires ennemis de ceux qui croient en leur supériorité technologique. Le Maroc a tenté de jouer un jeu dangereux. Il a agi, calculé, puis échoué. En agissant ainsi, il a renforcé la solidarité entre l’Algérie et le Mali. Mais au-delà de cette alliance renforcée, il a surtout montré au monde que cette entité belliqueuse, aveuglée par ses propres intérêts, est perçue comme l’ennemi irréductible de l’Afrique. Un ennemi que l’on doit combattre sur tous les fronts, non seulement pour préserver la paix, mais aussi pour forger une Afrique unie, fière, souveraine et invincible. Comme le disaient les Spartiates : « L’ennemi, c’est celui qui veut notre chute, à lui, nous répondrons par la gloire du combat ! », « Le courage est de ne jamais se plier, même face à l’ennemi le plus redoutable, » disait l’historien. Aujourd’hui, l’Algérie et le Mali ne sont plus seuls. L’Afrique tout entière se dresse avec eux, fière, combative et inébranlable.

Nabil Khalfaoui

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