CAMILLE , c’est le prénom de l ‘héroïne du film hommage réalisé par Boris Lojkine. Il est inspiré par l’histoire vécue par la photographe Camille Lepage disparue en 2014 en Centrafrique lors d’un reportage qu’elle entreprit pour informer les lecteurs d’un journal dénonçant les massacres tragiques vécus dans ce pays.
Depuis des décennies le photoreporter est un gêneur que les autorités et les dictatures n’apprécient pas volontiers. Ils sont là pour témoigner par leurs photos, les exactions et autres détresses que subissent en général -en période trouble – les populations locales.
Camille est une sympathique jeune célibataire d’une trentaine d’années issue d’un milieu bourgeois. Elle part en Afrique, toute seule avec son barda et ses appareils photographiques pour faire découvrir ce qui s’y passe –souvent horribles – dans ce pays lointain que la guerre civile déchire. Sans état d’âme ni peur du conflit, elle participe comme témoin à celui-ci qui a causé des milliers de victimes, tuées sauvagement à la machette par des indigènes qu’elle accompagne sur le terrain , l’appareil de photo en bandoulière et au risque qu’ elle soit elle même victime de ces boucheries honteuses.
Camille est une fiction certes, et jouée magistralement par l ‘actrice Nina Meurice , est filméà l’allure d’un reportage tant il est vrai . Sans fioriture ni effet spectaculaire, il suscite l’intérêt du spectateur assis sur son fauteuil au cinéma, mais néanmoins , l’oblige à être partie prenante dans cette aventure qui la verra mourir dans la brousse. Elle fit découvrir avec amour ce pays d’elle respecte et elle vit personnellement les drames humains qu’elle voit dans ses voyages : elle les photographie sans pudeur, mais avec les larmes aux yeux et la gorge serrée.
Ici on s’aperçoit du travail si important et du danger que ces artisans de l’image qui payent souvent de leur vie sur ces champs de conflits qui pourraient se leur interdire.
Et pourtant courageusement ils défient leur angoisse et leur confort personnel pour apporter les images souvent mal récompensées.
Ce film est un brulot contre la guerre contre les guerres contre les exactions que l’actualité mondiale nous entoure de leurs drames à chaque instant.
POUR SAMA, JOURNAL D’UNE MERE SYRIENNE
Le meilleur documentaire du dernier Festival de Cannes et
qui fut récompensé par « l’œil d’or » de cette manifestation , est le journal filmé d’une mère syrienne qui
demeure à Alep en pleine guerre civile de son pays sous les bombardements et
les cannons des autorités de la Syrie de Bachar Assad. Sama est le nom d’une
petite fille qui a le malheur de vivre dans une ville écrasée par la furie des
avions et des balles, toutefois elle est protégée par miracle par ses parents ,
le père est chirurgien nouvellement diplômé et sa mère qui l’entoure d’amour de
de soin dans un univers chaotique où les morts s’entassent, et le sang humain
coule à flots parce que les autorités officielles de ce pays décident de mettre
à feu et à sang sa population.Un champ de ruines , la vie continue malgré tout
malgré les cadavres qu’il faut enterrés à la va-vite, malgré le manque de
sécurités des bâtiments détruits en lambeaux qui tombent qui risquent de s’effondrer
à tout moment.
Les hôpitaux ne sont pas épargnés pire encore les avions russes et syriens les
bombardent pour écraser la population , la terroriser,l a soumettre, la petite
fille qui commence à marcher est habituée à entendre les balles siffler , les
mortiers assourdissants des charres qui tonnent dans les parages. L ‘enfer sur
terre est filmé par une petite caméra portée a la main et parfois par un
smartphone qui dévoile le sang d’enfants ,de femmes ,de vieillards, car la Mort
ne choisit pas ses victimes. Souvent les images sont insoutenables que l ‘écran
montre sans compassion. La voixoff de la Maman de Sama donne ses commentaires
et ses réflexions et l ‘espoir que suscite la fin de cette horrible guerre que
le monde semble s’y habituer à l’accepter fatalement.Sama est néanmoins un cri
d’espoir de belles perspectives, car Alep est tombée si bas dans le chaos
qu’elle ne peut que se relever, se reconstruire dans quelques années. Ce film
reportage est un cri comme dans le tableau du peintre danois Munch qui éveille
les consciences du monde responsable par ses silences et son indifférence lamentable.
On pourrait reprocher à ce document son coté militant et peut- être partisan,
mais les images qu’il le composent sont vrais sans retouches ni camouflages qui
auraient pu l’hypothéquer .
À travers le texte dit d’une voix monotone par la maman qui
aime son mari et aspire à un bonheur de femme mariée, on retrouve la chaleur
humaine de la révolte de l’injustice et de l’indifférence.
Sama, la petite Syrienne de quelques mois , comme les bébés sourit , elle joue avec son entourage, sorte d’hymne à
la vie au bonheur d’être de se trouver un jour dans la paix et l’harmonie
qu’elle est en droit de nous réclamer.
Ce journal filmé est un champ d’amour et réconciliation même si de nombreux cadavres sont sur joncent le sol de la ville écrasée, mais donnant à l ‘avenir un moment d’espoir .
Un film vraiment important qui vaut mille mots comme dirait le vieux proverbe chinois à propos d’une image.
Ce documentaire est signé par Waad Al-Kateab et Edward Watts
MICHEL FARGEON
- Au cinéma le 16 octobre 2019
Acteurs :
NINA MEURISSE, FIACRE BINDALA, BRUNO TODESCHINI, GREGOIRE COLIN, AUGUSTIN LEGRAND, MICHAEL ZUMSTEIN
Equipe technique
Réalisation BORIS LOJKINE
Scénario BORIS LOJKINE, BOJINA PANAYOTOVA
Image ELIN KIRSCHFINK
Son MARC-O BRULLÉ
Montage XAVIER SIRVEN
Musique ERIC BENTZ
Production BRUNO NAHON (UNITE DE PRODUCTION)
Photos du film © Jean-Baptiste Moutrille
ou © Michaël Zumstein
Festival et prix
Festival de Locarno 2019, Piazza Grande – Prix du Public
Festival du film francophone d’Angoulême 2019 – Meilleure actrice
Un film de : Boris Lojkine
Jeune photojournaliste éprise d’idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas.