
Faisons un petit rappel : « Une légende veut que l’origine du 8 mars remonte à une manifestation d’ouvrières américaines du textile en 1857. Ce mythe est né en 1955 d’un article du quotidien communiste L’Humanité qui relatait une manifestation de couturières new-yorkaises, un siècle auparavant, en 1857. »Lorsque l’on se retourne vers l’histoire, on découvre qu’en 1903 est né un mouvement féministe en Grande-Bretagne nommé « les Suffragettes ». Pendant 15 années, elles ont multiplié les actions spectaculaires pour faire connaître leur cause et surtout pour obtenir le droit de vote.Dès 1923, Hoda a fondé l’union féministe égyptienne, et en 1926, au Liban, l’article 21 de la constitution avait accordé le droit de vote aux citoyennes libanaises de plus de 21 ans. En Tunisie, en 1934, le groupe politique Société des dames musulmanes a été créé. En 1929, le premier congrès de femmes palestiniennes à Jérusalem a réuni plus de trois cents déléguées. Et en 1951, le Maroc a compté sa première femme aviatrice…Qasim Amin, « le père » du féminisme en Orient, écrivait en 1899 : « C’est mépriser la femme que de l’emprisonner dans sa demeure et de se vanter qu’elle n’en sorte que dans un cercueil pour aller dans la tombe. » Le statut de la femme a-t-il pour autant évolué depuis ? Si l’on se penche sur sa condition à travers le monde, on s’aperçoit qu’elle n’est pas si différente de celle qui prévalait à la fin du siècle dernier. En Occident, des progrès considérables ont permis son émancipation, cela en dépit d’un bouleversement énorme dans les législations qui, pratiquement toutes, « promettent » aujourd’hui l’égalité des droits et des chances. Néanmoins, nous constatons en Europe, et en particulier en France, de plus en plus de violences faites aux femmes et de féminicides. Pour les pays du tiers-monde, par exemple en Afrique ou dans certains pays orientaux ou arabes, le fossé est encore grand. Le poids des traditions et des religions ne s’est jamais fait autant ressentir.En Algérie, depuis le vote en 1984, le code de la famille algérien a toujours suscité les foudres des partisans de l’égalité des droits entre hommes et femmes. Pourtant, depuis 2005, il y a eu des améliorations et des changements, mais il y a encore des ambiguïtés dans certains articles et leur application. C’est pour cela qu’aujourd’hui encore, de nombreuses associations se battent pour son abrogation. L’entrée du monde dans une ère nouvelle est perçue comme une véritable fracture par les conservateurs de tous bords. Il reste donc, à l’évidence, beaucoup à faire ; elle devra se battre encore longtemps et avec toutes ses forces.
Au regard de l’actualité mondiale, la journée du 8 mars semble toutefois pleine d’espoir. L’utopie de cette célébration pleine d’espérance ne doit pas cependant masquer la réalité. En fait, il appartiendra à toutes les femmes de tirer parti elles-mêmes des acquis arrachés par des luttes et de prendre la place qui leur appartient de surcroît. Les femmes algériennes veulent prendre leur place et mettre en exergue leur capacité d’agir et de décider. Espérons que la marginalité est désormais finie pour elles !
H. H. S