La compagnie Air France KLM Martinair Cargo, chargée de l’activité de fret du groupe franco-néerlandais, lance un programme pour développer la production d’un carburant pour l’aviation capable de diminuer les émissions de CO2 de ce secteur. Il s’agit du SAF (Sustainable Aviation Fuel, carburant durable d’aviation en français), dont le cycle de production permet une réduction de 70 à 85% de rejet de CO2 par rapport aux carburants fossiles.
Dans une année conventionnelle, près de la moitié du fret aérien est assuré par des avions passagers. Mais en 2020, la pandémie de Covid-19 a cloué au sol bon nombre de voyageurs. Cependant, si les impératifs sanitaires limitent grandement les déplacements de personnes, il en est tout autre pour les marchandises. Certains constructeurs de l’aéronautique proposent d’ailleurs des fiches techniques pour la transformation en cargo de leurs appareils de transport de particulier, afin d’aider à réduire l’impact des pertes causées par la diminution des vols d’avions passagers. Car il faut noter que ces derniers représentent habituellement près de la moitié du transport de fret aérien. Le programme SAF Cargo cible donc une portion conséquente des vols commerciaux, avec un projet d’usine prévu pour 2023 aux Pays-Bas, afin que Air France KLM Martinair Cargo puisse proposer à sa clientèle, avec son service de fret, une alternative au combustible fossile.
Il ne s’agit pas ici de transformer les appareils de la compagnie, ni même de rejeter moins de dioxyde de carbone durant les vols : l’objectif est de créer un cycle à l’issue duquel la production de CO2 s’approche au plus près en quantité de sa consommation, avec pour matière première la biomasse. Le carburant durable d’aviation (SAF), dont il n’existe pour le moment qu’un seul lieu de production continu, est obtenu grâce à l’absorption des émissions de CO2 de l’atmosphère par des matériaux tels que certaines sortes de plantes, de suifs (graisses animal) ou encore des huiles de cuisson usagées. Et si le carburant SAF n’est pas encore à la neutralité carbone, la durabilité de sa chaîne de production lui permet une réduction d’émission de CO2 de 70 à 85% par rapport à un carburant conventionnel. Il est néanmoins trois fois plus cher et nécessite selon les normes actuelles de ne pas dépasser 50% du volume de carburant. Avec le programme SAF Cargo, la branche chargée de l’activité de fret du groupe Air France-KLM se lance donc un défi de taille : réduire les coûts de production du SAF ; assurer l’apport en matière première de sa future usine de production (les ordures municipales et les résidus agricoles et forestiers sont parmi les sources potentielles étudiées) ; améliorer le cadre réglementaire afin de soutenir l’usage du carburant durable d’aviation.
« Notre engagement à réduire les émissions de CO2 est un des piliers de notre stratégie en matière de fret. Le lancement d’un programme de carburant durable d’aviation pour le fret aérien est une étape importante d’une feuille de route ambitieuse en matière de durabilité pour les années à venir, » explique Adriaan den Heijer, Vice-président exécutif d’Air France-KLM Cargo et directeur général de Martinair.
Nafissa Amalou