Alima Abdhat
Les merveilles et les profondeurs des abysses
L’universitaire algérienne Alima Abdhat récidive dans la poésie puisqu’elle a publié, aux éditions Anep, un recueil de poésie intitulé «Puisque tu es la mer ».
En effet, après avoir signé en 2019 aux éditions françaises D’ores et déjà, son premier recueil de poésie «Colères, qu’êtes-vous devenues ? », la poétesse invite le lecteur à découvrir à travers « Puisque tu es la mer » quatre vingt poèmes, étalés sur 91 pages.
Avec sa verve poétique fragmentée qu’on lui connait AlimaAbdhat entraine plus d’un dans les abysses de la mer. Elle use et abuse à volonté d’un langage et de sonorités. Elle se plait souvent à aller à la beauté d’une sonorité et d’un rythme au détriment du sens. Dans ce deuxième recueil, elle aborde certes des thèmes d’actualité tels que l’amour, les blessures, le désir ou encore le rêve mais avec une approche personnelle. Les mots et les figures de style s’entrechoquent, s’enchevêtrent et s’épousent à la fois, donnant naissance à une poésie raffinée et joyeuse à la fois.
La poétesse Alima Abdhat recherche une certaine beauté de la forme du discours, par un jeu bien choisi de sonorités, de rythmes et d’images. Elle adresse des odes langoureuses à la mer, sous forme de musique, de souffle et de bercement. Elle se laisse aller dans sa subjectivité et dans son arbitraire.
Dans Femme fœtale, Alima Abdhat plonge dans une force de vie : “Coquille sa peau fourreau son ego, vierges ses amours sans plumes ni grâce. Dans la foule, quelque brin de légèreté sublime beauté. Dans sa houle, vautrée dans les nues baillant d’ennui. Sceau sa majesté au visage de la vie. Fuyant à mort les terres brûlées. Les terres dans la fange. Le gazon dans la vase. Les feuilles flétries. Le nénuphar ridé ».
Alima Abdhat- « Puisque tu es la mer »
Editions Anep, 91 pages, octobre 2021
« Boussouf et le Malg, la face cachée de la révolution » de Dahou Ould Kablia
Pour que nul n’oublie les sacrifices des aînés

Dans «Boussouf et le Malg, la face cachée de la révolution », l’auteur et militant Dahou Ould Kablia donne un large aperçu de l’organisation de l’Armement et des liaisons générales ainsi que des faits marquants de la guerre de libération nationale.
Publié aux éditions Casbah, « Boussouf et le Malg, la face cachée de la révolution » n’est autre qu’une autobiographie de Dahou Ould Kablia. Lui, le militant ayant activé au sein du Ministère de l’Armement et des Liaison Générales, dirigé à l’époque par feu Abdelhafid Boussouf se laisse aller à des confidences pleines d’émotions. C’est parce que Dahou Ould Kablia est l’un des témoins oculaires de cette glorieuse histoire qu’il a voulu faire ce devoir de mémoire en se lançant dans l’écriture. Des traces qu’il veut laisser à la jeunesse algérienne actuelle et celle demain. A travers la rédaction de cet ouvrage, écrit-il, je vis à accompagner tous ceux qui ont eu la volonté et le courage de lever le voile sur l’histoire de notre grande Révolution, mise sous l’éteignoir au lendemain de l’indépendance et maintenue dans cet état des décennies durant ».
Tout au long d’une pagination de 446pages, le lecteur est à même de découvrir une autobiographie riche en informations, en témoignages inédits et en documentation, qui contribueront à coup sûr à l’écriture de l’Histoire algérienne avec ses services de renseignement, de transmission et d’acheminement d’armes.
L’auteur rappelle que c’est à l’issue du congrès de la Soummam en août 1956 que la fonction de renseignement et de liaison a été « intégrée à l’organigramme des commandements de l’ALN au niveau de chaque wilaya, zone ou région. Le colonel Abdelhafid Boussouf avait été chargé du service de renseignement, de liaison et des communications en avril 1958 suite à la « départementalisation des tâches des membres du Comité de coordination et d’exécution (CCE) ».
Dans cet ouvrage bien fouillés, plusieurs axes de réflexion sont abordés dont entre autre les moyens humains-notamment les lycées et les étudiants, issue de la grève de mai 1956-, les transmissions et à l’approvisionnement en armes de 1954 à 1956 par Ahmed Ben Bella et Mohamed Boudiaf remplacés, après leur arrestation, par les colonels Amar Benaouda et Abdelhafid Boussouf. De même que l’auteur revient sur les problèmes internes du FLN, sur la chronologie des pourparlers et négociations algéro-françaises sur les premières années de l’indépendance de l’Algérie.
Dahou Ould Kablia -« Boussouf et le MALG : la face cachée de la Révolution ».
Casbah Editions, Octobre 2020, 446 pages, Prix : 1300

« La pieuvre » de Salima Mimoune
Zoom sur une société à la mentalité archaïque
A travers «La pieuvre», l’auteur et économiste Salima Mimoune signe un troisième roman des plus captivants.
Inspirée d’une histoire réelle, la romancière opte pour une trame qui évolue au fil du quotidien de l’héroïne Yousra. Deux adolescents, épris l’un de l’autre, décident de se cacher dans une vielle maison abandonnée. Ils assistent impuissamment à la destruction de la nature par des hommes « surgis des ténèbres de l’ignorance, dont la furie n’a d’égale que leur haine de toute vie, de toute beauté, de toute forme d’amour», note Maïssa Bey, dans la préface de l’ouvrage. Salima Mimoune, livre une histoire d’amour entre des deux jeunes insouciants. Si Yousra est une belle lycéenne, très pointilleuse sur ses études, Yanis est pour sa part « un transplanté de France en Algérie». Le jeune couple d’amoureux est bien décidé à vivre pleinement leur idylle faisant fi de la mentalité archaïque des villageois. Ils font face à des menaces de tout part. D’autres personnages, se greffent à l’histoire, à l’image de Kader, le père de Yousra, sa sœur Yamine l’enseignante, Hedda la moudjahida qui se déplace à moto sous son béret, son professeur éclairée Bachir ou encore le vicieux professeur d’histoire.
Yousra et Yanis caressent le rêve de réussir dans leur études afin d’aller vivre leur amour hors de leur village, dans une société plus tolérante. Les images défilent au fil de la progression des chapitres. Yanis décide de fêter la réussite du baccalauréat de sa dulcinée en l’invitant à faire une balade sur son scooter. Et l’inattendu arriva : En amorçant un virage, un accident survient.
En somme à travers « La pieuvre» Salima Mimoune dénonce et banni d’une façon très subtile l’hypocrisie, le fanatisme et l’intolérance avec ce clin d’œil à la décennie noire.
Salima Mimoune- « La Pieuvre »,
Editions «Les Presses du Chelif», Mai 2021, 150 pages