Rachel Corrie, cette jeune fille au visage angélique, au regard profond et pertinent, ne fait plus partie de ce monde depuis un certain 16 mars 2003. Quatorze ans qu’elle a quitté ce bas monde en se sacrifiant pour une cause et un idéal, et pour les autres… les Palestiniens. Elle n’était pas palestinienne, encore moins arabe ou musulmane. Elle n’habitait pas Gaza ou El Qods, mais elle est venue de loin, de très loin, pour être aux côtés des Palestiniens, pour les soutenir dans leur combat pour la liberté et la dignité et pour leur droit à la terre. Nous sommes en plein dans la seconde Intifada (la révolte – 2000-2005) du peuple palestinien. Des défenseurs des droits de l’homme et de la liberté des peuples crient haut et fort le grand désarroi des Palestiniens et l’immense injustice qui leur est infligée par « l’État israélien », qui, devant l’ampleur de la colère de la jeunesse palestinienne, a redoublé de férocité et d’oppression.
Sous les chenilles d’un bulldozer
D’autres volontaires ont été plus courageux et ont même fait le déplacement en Palestine pour s’indigner. Parmi eux, la belle Rachel, une étudiante américaine vivant dans l’État de Washington et une militante déterminée et convaincue. Elle atterrit à Rafah, dans la bande de Gaza, à la fin du mois de janvier 2003. Quelques jours après son arrivée, le 7 février, elle envoie un courriel à sa famille, il est poignant : « Je suis en Palestine depuis deux semaines, et les mots me manquent encore pour décrire ce que je vois… » Rachel n’est pas seule sur le terrain. Elle est avec sept autres volontaires américains et britanniques du Mouvement de solidarité internationale (ISM) pour se positionner en bouclier entre la population palestinienne et l’armée israélienne dans ce conflit meurtrier qui durait déjà depuis presque trois ans. L’action du mouvement est non violente, mais elle est tellement efficace, et surtout, fait parler d’elle dans les médias, qu’elle dérange beaucoup les autorités israéliennes qui essaient par tous les moyens de contenir le mouvement et d’atténuer son audience de par le monde. Mais l’irréparable allait avoir lieu sous les feux des caméras du monde. Des images insoutenables qui montrent Rachel sous les chenilles d’un bulldozer de l’armée israélienne après avoir tenté d’empêcher la destruction de maisons de Palestiniens.
C’était le 16 mars 2003.
Le monde est choqué par cette tragédie qui s’est déroulé en trois phases. Le courage et l’insistance de Rachel face à la destruction des maisons, l’incroyable charge du bulldozer sur sa personne et sa mort tragique, et enfin les images de ses amis volontaires et de la population pour la secourir. Jamais des images n’ont été autant vues et revues et tant commentées. Neuf ans plus tard, le tribunal d’Haïfa (sous autorité israélienne) rend son jugement dans le procès intenté par les parents de Rachel contre l’État d’Israël qui stipule que : « …la mort de Rachel Corrie n’a pas été causée par une faute de l’État mais il s’agit d’un accident et que par conséquent l’État n’est pas responsable… »
Depuis sa mort, Rachel est devenue un symbole de liberté et de sacrifice. Si les Palestiniens la portent dans leur cœur et ne l’ont jamais oubliée, le monde de la culture et de l’art lui rend régulièrement des hommages touchants. Des chansons, des films-documentaires, des conférences, des pièces de théâtre qui racontent son combat pour la liberté des autres ont fait le tour du monde.
Une fondation à sa mémoire a également été créée pour dire que Rachel Corrie est toujours parmi nous.