Les incendiaires…

Les incendiaires…

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Par Nabil Khalfaoui

Le caractère institutionnel et les actes visant à dégrader notre sensibilité sont plus que jamais en ordre de bataille, poursuivant des objectifs hétéroclites, qu’ils soient de nature à favoriser l’audimat ou à conforter un élu dans ses futures joutes électorales.

Derrière ce masque infantilisant, nos idéaux sont muselés, et nos émotions exacerbées par les vacuités issues de l’érection coloniale, qui verra bientôt le mot « indigène » ressurgir de sa boîte de Pandore, pour asseoir une idéologie confortable. Cela épouse par la même les prémisses de pensées malsaines, donnant le change à tout le mal-être qui gangrène notre société, et surtout à une pléthore de funambules en proie à la détresse.Le dernier en date n’est autre que le fils de Nicolas Sarkozy, celui-là même qui se cache dans les recoins de l’oubli, orné d’un bracelet électronique, bijou honteusement offert par la démocratie qu’il a méthodiquement spoliée. Ce fils, désormais manipulé par les tentacules d’extrême droite, tente désespérément de se faire une place en politique. Mais l’anonymat ne lui suffit pas : il cherche à se faire un nom. Pour cela, il n’hésite pas à sortir de la trajectoire, jouant de la provocation et des insultes comme de simples leviers pour créer le buzz.

Sarkozy fils de l’ancien Président Français Nicolas Sarkozy

Il se fait remarquer uniquement par ses excès : des sorties incontrôlées, comme ce fantasme où il veut enflammer l’ambassade d’Algérie ou ce désir malsain de supprimer le peuple palestinien. Il n’a rien d’un homme d’État, il est un produit médiatique, un provocateur de bas étage, obsédé par le buzz au détriment de toute dignité. Vous l’avez compris, le combat qui s’annonce n’est pas là pour favoriser l’entente des peuples, mais bien au contraire, il s’articule autour d’idéologies du passé, prenant pour cible des enfants français issus de l’immigration. Ceux et celles qui, dans cette troisième, voire quatrième génération, n’ont guère de répit face aux détracteurs multiples et aux propos alambiqués qui, malheureusement, fragilisent des esprits déjà vulnérables. Chaque jour qui passe fait revivre les relents d’une époque révolue, où les rancœurs avaient un visage, une forme, une couleur. Si de surcroît ce « plumage » est orné d’ombrages à la couleur de l’Islam, alors vous devenez un adage pour tous les apôtres de la pensée unique, et ne soyez pas étonnés qu’on vous passe à la question, comme au temps de l’Inquisition. Mais rappelons-nous les paroles de l’ancien résistant et philosophe français, Paul Ricoeur, qui disait : « L’histoire est un terrain de lutte pour la mémoire, et l’oubli est le plus grand des crimes ». À travers ses mots, il nous invite à ne jamais céder à l’oubli des souffrances passées et à ne pas laisser la mémoire de nos combats se faire écraser par la pensée unique.

Paul Ricœur philosophe

Cette France est baignée de couleurs multiples, dans un monde multipolaire. Il est inconcevable d’user de n’importe quel pouvoir pour satisfaire des idéologies mortifères, dégradantes, et surtout anti-républicaines. Souvent, la loi de 1905 s’invite dans les débats, mais elle est alors détournée, utilisée pour faire main basse sur tous les protocoles de dialogue et de réconciliation, qui favorisent la paix et l’espoir dans les cœurs. En effet, la pensée unique fustige les droits et obligations, imposant une laïcité à géométrie variable. Une laïcité où l’on peut insulter l’Islam et les musulmans, insulter les jeunes Français issus de l’immigration, ou les exalter pour mieux les accuser de tous les maux qui rongent le quotidien des Français. Il y a en France dix millions de musulmans, dont six d’origine étrangère.  La pensée unique s’est arrogée le droit d’insulter chaque jour dix millions de Français, àl’occasion de moments que je considère moi-même comme de piètre facture sur des plateaux de télévision. Et Frantz Fanon, grand résistant et psychiatre algérien, avait parfaitement saisi la nature de cette aliénation lorsqu’il disait : « Le colonisé se vit dépossédé de son histoire, de sa culture, de son existence même ». De manière tragique, aujourd’hui, des millions de Français, issus de l’immigration, subissent une dépossédée identitaire et culturelle à travers cette pensée unique qui se déverse quotidiennement dans les médias.Récemment, des artistes se sont vus interdire l’accès à des plateaux de télévision pour des propos ou postures totalement innocents. Qu’en est-il pour cette minorité qui attise la haine au quotidien, sans aucune contrariété, prenant pour cible une partie de la population ? Cette situation ne peut que rappeler l’urgence de lutter contre la dérive totalitaire de la pensée unique, et de dénoncer les dérives idéologiques qui gangrènent l’espace public.Si nous voulons voir cette France que nous aimons tous, favorisée par le dialogue, l’espoir et la réussite, il nous faut dire à la pensée unique d’agir autrement. Nous devons mettre un terme à cette idéologie inqualifiable, indigne de la France. Comme Henri Alleg, un ancien résistant et journaliste, le disait si bien : « L’idéologie est l’ennemi de la pensée ». Seule une pensée ouverte, dialogique et humaine pourra nourrir un avenir commun.

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C’est ensemble que nous construirons la France de demain, comme elle a été construite par les étrangers et Français du passé. Et si vous en doutiez, sondez l’histoire et vous verrez et ressentirez l’odeur et la mémoire de ces combattants dans les sillons de vos campagnes, venus par centaines de milliers d’Afrique ou du Maghreb, pour lutter contre le « Grand remplacement » initié par le nazisme. Ils sont l’âme de cette France.Il est évident que nous devons lutter contre les extrémismes de tous bords. La menace est palpable, et c’est ensemble, en créant cet élan républicain, cette osmose entre le peuple dans toute sa spécificité et ses différences, que nous pourrons lutter contre cet ennemi invisible qu’est la haine. Mais cela ne sera possible qu’à condition d’avoir cette humanité en nous, comme l’a si justement souligné Germaine Tillion, résistante et ethnologue : « La résistance commence dans chaque tête, dans chaque esprit. C’est là que se trouve le vrai combat, et c’est à ce niveau que nous devons être invincibles ».  

« Ne l’oubliez jamais, celui qui laisse commettre une injustice, ouvre la voie à d’autres injustices. ” Willy Brandt

N. K

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