La longue marche pour la liberté et la démocratie – 1ère Partie...

La longue marche pour la liberté et la démocratie – 1ère Partie –

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Ceux qui ont fait de l’Algérie une vitrine internationale et « La Mecque des révolutionnaires » dans les années 1960 et 1970, ont, en parallèle, tout fait pour étouffer le moindre esprit révolutionnaire algérien. Aujourd’hui, rien n’est plus comme avant. Le marasme cumulé durant ces dernières années est décrié à haute voix.

Le 22 février 2019, constitue une date d’un nouveau départ, pour une nouvelle Algérie. Les manifestations massives déclenchées par la candidature à un nouveau mandat d’Abdelaziz Bouteflika se sont vite transformées en contestation du régime dans son ensemble, dans toute sa composante. Ce jour-là, tous, comme un seul homme : des millions d’Algériens soucieux du devenir de cette patrie que nous chérissons, bravaient l’interdit malgré l’interdiction des marches et autres manifestations populaires interdites à Alger, la capitale depuis juin 2001. Ils sont sortis dire d’abord, non à l’intimidation, non au mépris, non au bradage de l’Algérie. L’Algérie appartient à tous, à toutes. « L’Algérie est une République démocratique et populaire », comme bien mentionné dans toutes les constitutions algériennes. Dans ces mêmes constitutions, il est également noté : « La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple ». Mais au fil des ans, ce même peuple est relégué au deuxième plan. Nos décideurs ont fait en sorte que ce même peuple se contente juste de voir et entendre sans pour autant être associé à la moindre décision le concernant.

Pourtant, l’Histoire retiendra que le peuple algérien a payé un lourd tribut pour son pays depuis la nuit des temps. Finie l’hypnose. Le peuple s’est réveillé. Le peuple a tout compris. Et ce ne serai assurément pas ces décideurs qui pourront le convaincre du contraire, de la « continuité  ». Non. Il est temps de prendre son destin en main. « Pas de 5e mandat », « Ni Bouteflika, ni Saïd » (frère du président), scandaient les protestataires un peu partout dans cette vaste et étendue Algérie. Ainsi, les vendredis se succédaient et se ressemblaient.

Jusqu’au dernier « B »

La démission de l’ex-président de la République constitue certes un acquis de la rue, mais les Algériens, comme exprimés lors de toutes les manifestations, exigent le départ du régime dans sa composante, à commencer par les trois « B ». Pas question d’une transition prévue par la Constitution, qui laisse aux commandes les acteurs du « système «. Une allusion faite au Premier ministre Nourredine Bedoui, Abdelkader Bensalah ; chef d’État par intérim, après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.Tayeb Belaïz, est remplacé à la tête du Conseil constitutionnel le 16 avril, par Kamel Feniche, un magistrat ayant fait carrière essentiellement au Parquet, avant de siéger à la Cour suprême puis au Conseil d’État, dont il présida une Chambre.

Ce dernier est vite rattrapé par son passé peu glorieux de procureur de Bejaïa lors des événements du printemps berbère en avril 1980. « Il nous a jetés en prison le soir du 20 mai 1981, après 24 heures de garde à vu dans les sous-sols du commissariat de Bougie, sans avoir droit à une seule goutte d’eau », témoigne à ce propos Aissa Arab, un des acteurs du printemps berbère sur sa page Facebook. C’est dire que ses jours sont comptés à la tête du Conseil constitutionnel. En tout, cas, la rue ne faiblit pas. Les jours à venir nous en diront assurément un peu plus.

Les partis politiques «  rejetés »

L’on s’est toujours posé cette question : à quoi sert réellement un parti politique en Algérie ? La réponse est simple. Pour les partis de l’Alliance présidentielle (le FLN, le RND, le TAJ et le MPA), il est surtout question d’appuyer le régime dans toute sa politique. On a vu les chefs de ces mêmes partis, dont sont issus la majorité des ministres et autres cadres de l’État, défendre à plusieurs reprises, les bilans des 20 ans de règne de Bouteflika. Leurs députés ont même voté à l’Assemblée populaire nationale, des lois impopulaires qui n’étaient en rien à la faveur de la classe moyenne et ouvrière.

Ces mêmes partis ont été les premiers à avoir annoncé leur soutien « indéfectible » au cinquième mandat de l’ex-président de la République. Mais, la roue finit toujours par tourner. La démission d’Abdelaziz Bouteflika et la contestation populaire grandissante a chamboulé tous les calculs. Habitués à la ruse, fait inédit dans les annales politiques nationales: le FLN et le RND viennent « rejoindre le mouvement populaire de contestation contre le système politique en place, en apportant » leur « soutien.» Les deux formations politiques, par cette manœuvre, tentent de faire oublier « leurs » récents bruyants appels à la « continuité » lancés en chœur quelques mois auparavant. Quant aux partis de « l’opposition », leurs chefs n’osent plus sortir dans la rue et participer aux marches populaires. Face au refus catégorique des marcheurs de les voir dans leurs rangs, ils font semblant de se réunir pour proposer des solutions politiques à la crise que connaît le pays alors que la réalité est tout autre.

Agir autrement

Ce ne fut pas le cas. Dans aucun autre pays au monde, vous ne verrez des terrasses des cafés bondées de monde alors qu’à quelques mètres de là seulement, se tiennent des marches populaires. Les marcheurs ont, faudrait-il le souligner, pris les devants. En effet, sur les réseaux sociaux des appels au calme sont relayés. En français, en Arabe et Tamazight… les messages portent, en effet, les mêmes significations. « Attention! Donnez-leur la leçon de la maturité  », « montrez au monde entier que le peuple algérien n’est plus mineur » lancent encore ces voix, qui sentent que le « bout du tunnel est tout proche » écrivait-on en ligne.

Ce pacifisme a d’ailleurs était salué de toute part. « On a vu des images de jeunes Algériens qui nettoyaient les voies publiques après les manifestations, c’en est là une preuve de civisme de bonne facture », relevait à ce propos un expert de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles devant des journalistes algériens en visite au siège de l’organisation. « Les informations communiquées à l’organisation sur l’Algérie témoignent du caractère pacifique des manifestations, mais aussi de l’absence de violence, de victimes ou de dépassements, informations étayées par les rapports de médias nationaux et étrangers » ajoutait-il. Pour le journal Le Monde c’est un « mouvement inédit et spectaculaire ». « C’est la première fois, en vingt ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika, que les Algériens descendent simultanément dans les rues de plusieurs régions du pays pour le contester», a-t-on relevé sur les colonnes du journal français. Le peuple algérien mérite de ce fait, le Prix Nobel de la Paix.

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