L’Institut du monde arabe de Tourcoing accueille du 5 octobre 2019 au 12 janvier 2020 l’EXPOSITION YOUSSEF NABIL. Un événement qui met la lumière sur une sélection de quelques unes des œuvres du photographe, peintre et vidéaste, mais également sur sa technique de colorisation à la main sur les tirages argentiques.

L’artiste égyptien Youssef Nabil au parcours remarquable est né le 6 novembre 1972 au Caire (Egypte). Il commence sa carrière photographique en 1992 et présente sa première exposition personnelle en 1999 au Caire. En 2003, il quitte l’Égypte pour une résidence d’artistes à la Cité internationale des Arts de Paris. Depuis 2006 Nabil vit et travaille entre Paris et New York. En 20 ans, l’artiste a participé à un nombre considérable d’expositions collectives et individuelles partout dans le monde.
Fasciné par le cinéma, passionné par la musique et envouté par la danse depuis son enfance, Youssef Nabil s’inspire des vieux films, des vieilles chansons et des photos des artistes mythiques égyptiens et internationaux pour travailler ses œuvres. Aussi, c’est à l’aide des deux techniques du tirage argentique et de la colorisation à la main que le photographe nous transporte dans son univers de couleur, de douceur et de chaleur.
L’EXPOSITION YOUSSEF NABIL qui se tient actuellement à l’Institut de monde arabe de Tourcoing retrace son parcours et nous plonge dans son monde coloré. Cette manifestation présente une sélection d’œuvres des plus anciennes aux plus récentes, mais la scénographie ne respecte pas la chronologie des créations, elle obéît davantage à une forme d’esthétisme. Ainsi, le visiteur peut aborder son parcours en trois étapes distinctes : « les origines », « les échanges de regard en Méditerranée à travers les portraits de femmes » et terminer par la découverte des vidéos.
En effet, l’exposition s’ouvre sur une première œuvre autoportrait intitulée « Roots » (sources ou origines) et une seconde, autoportrait pareillement, de dos devant une pyramide d’Egypte. Plus nous découvrons les photographies de cette première partie, mieux nous comprenons les questionnements de Nabil sur ses origines, l’attachement à sa terre natale et à son exile.

Visuel capturé depuis la vidé; 2015, XII # Saved Mu Belly Dancer, Youssef Nabil Bruxelles/ Paris, Courtesy de l’ariste et Galerie Nathalie Obadia
Ensuite, nous avançons et nous traversons la Mare Nostrum. Nous accompagnons l’artiste dans sa démarche. Cette deuxième partie nous amène sur les échanges de regards et les regards croisés que les brassages des peuples et des cultures ont provoqués et ne cessent de produire en Méditerranée. Ainsi, nous découvrons les portraits de Catherine Deneuve et de Isabelle Huppert qui nous interpellent car toutes deux voilées en noir. Les portraits de femmes occupent une place prépondérante dans l’exposition, on retrouve ceux de Natacha Atlas et de Frida Kahlo. Les œuvres photographiques de cette exposition lèvent également le voile sur le corps et la sensualité de la femme à travers des corps dansant, prenant des formes d’ailes d’oiseaux qui se déploient, qui s’élèvent et qui s’envolent.
La contemplation de ces œuvres, nous amène à saisir une construction évidente dans le travail de l’artiste. Il y a une véritable préparation avant le « clic » expert ; chaque photo nous raconte une histoire. Comme au cinéma nous percevons clairement la mise en scène avec le sujet, la posture, le temps, le lieu et le décor.
Enfin, la dernière partie de cette exposition est consacrée à la vidéo. Après avoir donné de la couleur à ses photos, l’artiste leur a donné du mouvement pour les rendre vivantes. Ainsi, en 2010, il écrit, produit et dirige son premier court métrage de 8 minutes, «You Never Left» (Tu n’es jamais partie), avec Fanny Ardant et Tahar Rahim. En 2015, il en signe un son second de 12 minutes, «I save my baily dancer» (Je sauve ma danseuse), avec Salma Hayek et à nouveau Tahar Rahim. Nous découvrons aussi une troisième vidéo de 28 minutes intitulée «Arabian Happy Ending» (2016) dans laquelle Nabil fait un collage de scènes de baisers extraites de 700 vieux films égyptiens.
Les vidéos abordent également les mêmes questionnements, ceux des origines, de l‘exile, de la vie et de la mort, des arts (musique, cinéma, danse), de la femme, de la sexualité de l’amour, de la liberté et d’un passé nostalgique dans lequel on aimerait parfois s’immerger.
Soraya DJOUADI