Kadour Guettaoui PDG ALTEX
Ailleurs, ce n’est plus à la mode. Ça l’a été durant les années 2000. Puis on n’en parle plus. Ou rarement… Il s’agit des start-up en lesquelles l’Algérie – ici il s’agit du Gouvernement algérien – semble placer beaucoup d’espoir. Tout un ministère délégué leur sera d’ailleurs dédié. Objectifs : booster l’économie, moderniser le pays, créer des emplois… Bref, de doux rêves comme seuls les Algériens savent en faire.
Une petite définition, parmi des dizaines qu’on trouve sur le net, pour commencer : « Une start-up, ou “jeune pousse”, est une jeune entreprise de haute technologie qui présente un potentiel important de croissance. Le terme vient de l’anglais start (démarrer) et up (pour montrer le potentiel de croissance) ». Ça sonne, convenons-en, bien et, surtout, ça sent l’argent facile et l’ascension rapide. Ça promet – aussi – une vie belle et moderne.
Au commencement, c’était l’idée
Aussi, une start-up – précision de M. Mohamed Kaddour Guettaoui, expert en nouvelles technologies – est une entité qui développe un produit nouveau à très fort potentiel économiqueprenant rapidement de la valeur en bourse. Sinon ça ne serait qu’une petite ou moyenne entreprise qui répond à une attente déjà clairement exprimée. C’est dire qu’au commencement, il y a toujours une idée novatrice, une sorte de chemin que personne n’a emprunté jusque-là, du moins pas de la même façon. Or, en Algérie, où les chiffres brillent par leur inexplicable absence, on confond – probablement à dessein – boites informatique et autres activités avec les start-up.

Et quand start-up y a, c’est souvent de l’imitation. M. Guettaoui, comme exemple, cite Yassir, tem tem, coursa, etc… devenus « des exemples à suivre ». « On a réussi, dira-t-il, à créer une application qui répond à un besoin de marché. C’est fiable, viable et économiquement rentable. Mais l’on ne peut parler dans ce cas de start-up, car on a fait que copier Uber », et d’ailleurs aucune de ces applications ne peut protéger son produit, pour la simple raison la primauté de l’idée revient à Uber. Et puis les start-up c’est d’abord des idées qu’on peut développer et commercialiser auprès de grandes entreprises, entités quasi inexistantes en Algérie, exemple aux USA les fameux Gafa, rachètent à tour de bras tout ce qu’il y a d’un peu nouveau. Elles (les start-up) s’établissent, autres obstacle si besoin est, généralement dans des pépinières et des incubateurs, d’où d’ailleurs la deuxième trouvaille, aussi fantastique que la première, du nouveau Gouvernement : un ministère délégué chargé des incubateurs.
Puis l’argent, ainsi que… l’argent
« Chez les voisins (marocains et tunisiens, entre autres), on n’en parle jamais autant, dira encore M. Guettaoui. Ils sont pourtant très en avance comparativement à nous. On y parle plutôt de sociétés technologiques traditionnelles, ces sociétés ont la capacité de créer de l’emploi stable mais aussi d’investir dans les petites entreprises innovantes ». « C’est que, explique-t-il, le climat économique en Algérie est loin de prêter à une quelconque émergence de start-up en quantité et qualité dont rêvent les chantres de l’économie numérique, Ne s’improvise plus Steve Jobs qui veut. C’est aussi le cas pour l’Afrique et l’Europe. » C’est en Amérique ou en Chine où il y a des boosters que ça marche. Car, là, quand il y a une idée prometteuse, des géants du Web dominé par quelques grandes puissances les fameux Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon, et d’autres), viennent injecter de l’argent pour la promouvoir. Sans oublier, les banques et les fonds d’investissements qui savent repérer les bonnes idées.
Et la stratégie donc ?
Mais on attend quoi des start-up ? Répondre à un besoin de l’État en termes de modernisation ? Créer des solutions qu’on puisse commercialiser ailleurs ? Absorber le chômage ?… Ou – et ça serait aussi machiavélique que mesquin – c’est juste pour dire qu’on est en train d’essayer de faire quelque chose ? « Car, comme pour tout projet, dira M. Guettaoui, on doit définir les attentes et les moyens à mettre en œuvre pour y répondre. » En un mot, définir la marche à suivre de bout en bout.
« S’il s’agit d’une réelle volonté de modernisation de l’État, c’est loin d’être à la portée des start-up algériennes », dira M. Guettaoui. Et d’ajouter en guise d’explications : « Des solutions existent pour tout. Et ce n’est pas les entreprises qui ont de l’expertise qui risquent de manquer ». Et s’il ne s’git que de créer des emplois, le sempiternel casse-tête de tous les Gouvernements, on creuse vraiment dans le mauvais endroit, dans le petit arpent du bon dieu américain. Aussi chinois.
H.F