
Dans un climat de tensions diplomatiques palpables entre la France et l’Algérie, Bruno Retailleau semble jouer une partie de poker audacieuse, où l’enjeu est de taille. Entre calculs électoraux et ambitions personnelles, le sénateur des Républicains s’engage dans une stratégie risquée. Il espère, à travers une pression sur le gouvernement algérien, non seulement obtenir un poids supplémentaire pour sa propre ascension à la tête des LR, mais aussi légitimer son parcours politique en se posant en défenseur de la France face à l’Algérie. Une posture qui, dans sa logique, pourrait ouvrir la voie à la magistrature suprême. Mais derrière cette manœuvre, il y a peut-être bien une inversion accusatoire, où celui qui attaque se fait passer pour la victime d’un rapport de force géopolitique.
Car l’Algérie, loin d’être une figure intermittente dans le grand théâtre diplomatique, affiche une stabilité solide que la France, dans sa crise politique interne, peine à trouver. Si Emmanuel Macron a longtemps dû batailler pour former un gouvernement cohérent, l’Algérie, elle, est dirigée par une main de fer dans un gant de velours, avec des institutions rodées à l’épreuve des années. À l’inverse, la politique française, souvent perçue comme un vaisseau en pleine mer sans boussole, semble naviguer à vue. Le gouvernement de François Bayrou, toujours en quête de réponses, peine à apaiser des tensions qui, de l’extérieur, semblent irrationnelles et évitables.
Les solutions existent pourtant, il suffit de lever les yeux pour les voir. Dans six mois, les frictions actuelles pourraient sembler dérisoires, oubliées par l’histoire. La question qui reste est : pourquoi ne pas agir maintenant pour mettre en place ces solutions ? Pourquoi laisser la tension se cristalliser alors qu’une réconciliation est encore possible ? Peut-être est-ce la politique du temps, de la patience, qui fait défaut.
De son côté, le ministre de l’Intérieur semble engagé dans une bataille dont il ne pourra pas sortir indemne, quelles que soient les circonstances. Sa stratégie est claire : il veut tout ou rien. Le pari est risqué, car il repose sur l’idée d’un gouvernement algérien qui céderait à la pression française. Or, qui peut sincèrement croire que l’Algérie, un acteur diplomatique majeur, se plierait à ces exigences ? Personne, à part peut-être le ministre lui-même, dans une forme d’illusion stratégique. L’histoire a maintes fois montré que les attaques contre l’Algérie finissaient par se heurter à un échec amer. Que ce soit par le biais de l’affaire Sansal ou des tensions liées aux organisations gérées par Retailleau, la diplomatie algérienne n’a cessé de se renforcer face aux assauts extérieurs.
Ironiquement, l’Algérie, loin d’être une proie facile, devient une source d’inspiration pour de nombreux dirigeants internationaux. Elle s’impose comme une école de résilience, un modèle de diplomatie qui ne fléchit pas face aux vents contraires. Son influence grandissante sur la scène mondiale témoigne de la puissance de sa politique étrangère. Ce n’est pas dans la confrontation stérile que se trouve la solution, mais dans une approche plus subtile, plus ouverte au dialogue. Le monde l’a compris. Reste à savoir si la France, elle, saura dépasser ses vieilles rancœurs et s’engager dans une nouvelle voie.
Nabil Khalfaoui