Interview Sonia Souid : des podiums aux terrains de foot

Interview Sonia Souid : des podiums aux terrains de foot

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SALAMA. Comment êtes-vous arrivée dans le monde du foot ?

Sonia Souid : Ce n’est pas un hasard, mon père est préparateur physique au Qatar. Mais avant d’arriver comme agent de joueur, mon itinéraire n’a pas été linéaire. Après un tronc commun en fac de médecine, je voulais devenir chirurgien dentiste mais c’est avec un diplôme de sage-femme que je quitte le monde des études. Je me suis rendu compte que ce n’était pas ma vocation, j’atterris dans l’immobilier ou je deviens agent et me retrouve à vendre des maisons dans le sud de la France. Un jour, lors d’une discussion avec mon papa, il me conseille, avec toutes les relations que je me suis faites, de devenir agent de joueurs. C’est là que je prends la décision de passer ma licence d’agent, que j’obtiens du premier coup.

SALAMA. Vos débuts dans ce milieu d’hommes ?

S.S. : Très difficile, je pensais avoir fait le plus difficile en obtenant ma licence, mais j’ai vite compris que le combat allait être rude et long. Tous les grands agents que j’avais sollicités pour me conseiller l’ont fait mais dans l’autre sens, c’est-à-dire ils m’ont encouragée à abandonner car c’est un milieu d’hommes en plus d’être pourri. C’est alors que mon père intervient : à cette époque, il exerçait aux émirats et m’a proposé de venir m’occuper des joueurs locaux qui n’avaient pas d’agents. Je saute sur l’occasion et arrive à Dubaï. Là, les portes commencent à s’ouvrir et je fais le plus gros transfert dans ce pays : Ismaïl Matar, le Zidane émirati, à l’Olympique Lyonnais – ce qui m’a fait connaître en France.

SALAMA. Pourquoi avez-vous choisi le football plutôt que le volley-ball que vous pratiquiez au plus haut niveau ?

S.S. : J’ai un peu hésité au début, parce que j’avais pratiqué le volley-ball et le connaissais sans doute mieux que le football, mais je me suis dit que le football est le sport roi dans le monde. Rien ne dit que je ne changerai pas plus tard. Cependant, à l’instant où je vous parle, je suis complètement investie dans le football.

SALAMA. Vous avez réussi à propulser une femme à la tête d’un club professionnel masculin… Une première mondiale ! Comment cela s’est-il passé ?

S.S. : Durant l’été 2014, Claude Michy, président de Clermont Foot 63, un club de ligue 2 français, cherchait un entraîneur, une idée me traverse l’esprit : pourquoi pas une femme ? Connaissant Claude Michy, ayant toujours un temps d’avance par rapport aux autres, je lui souffle l’idée de contacter Helena Costa, une Portugaise qui avait déjà travaillé comme adjointe au Portugal. Il me demande quarante-huit heures de réflexion. Le lendemain, il me rappelle et me donne le feu vert. Pour la première fois, le jour de la signature, il y a eu environ deux cents journalistes à Clermont-Ferrand. Mon téléphone explosait, on m’appelait de partout.

SALAMA. Vous avez participé aussi à la création de l’association Ballon Aiguille…

S.S. : Le but de cette association est de promouvoir les sports collectifs féminins en essayant de convaincre les clubs français professionnels de créer des sections féminines à l’instar de celles des garçons, comme l’ont fait Bordeaux, Lens et Monaco.

SALAMA. il me semble que l’Algérie vous tient à cœur ?

S.S. : Oh que oui ! C’est mon pays d’origine. Je pars dès que je peux, même si ses dernières années, ça a été plus compliqué. J’y passais toutes mes vacances étant petite. L’odeur d’Alger me manque tellement, ma grand-mère maternelle habite à la casbah et sa maison est encore témoin de la bataille d’Alger. Je me sens profondément algérienne et j’aimerais tant pouvoir apporter ma contribution au développement du sport féminin en Algérie.

SALAMA. Justement, avez-vous déjà travaillé avec l’Algérie ?

S.S. : Non pas encore, mais je compte bien le faire. Je ne connais pas encore la réalité du marché des transferts au pays, mais l’année passée, j’ai rencontré le président de la fédération, Mohamed Raouraoua, qui m’a fait l’honneur de me recevoir à Doha en marge du match Qatar-Algérie. On a échangé sur plusieurs plans. il m’a paru très à l’écoute et visionnaire et on s’est promis de se revoir à Alger pour trouver un moyen de développer une collaboration avec les instances footballistiques de mon pays. Par exemple, développer le football féminin en Algérie, car les potentialités existent. Quand on voit le nombre de Franco-Algériennes qui évoluent au plus haut niveau, on pourrait faire la même chose que ce qui est fait chez les garçons et réussir à élever le niveau chez nous et, pourquoi, pas dominer ce sport en Afrique. Je reste très attachée à mon pays l’Algérie et je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer.

 

Parcours

19 juin 1985 – Naissance à Clermont-Ferrand.

2003 – élue Miss Auvergne.

2010 – Devient agent de joueurs en décrochant sa licence agent Fifa.

2012 – Fait signer le premier khalidji en Europe, l’émirati Hamdan al Kamali à Lyon.

2014 -Fait signer Helena Costa à Clermont Foot 63, une première mondiale.

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